En octobre dernier les autorités
marocaines, appuyées par des forces de répression et des gendarmes, avaient
envahi des terres appartenant à des Oulad
Settout à Zaïo, dans la province de Nador (région de L’Oriental). Elles avaient
chassé les petits paysans pauvres de leurs terres, détruisant leurs projets
agricoles et occupant leurs maisons.
L'État marocain avait annoncé « la
restitution d’un million d’hectares de terres collectives irriguées aux petits
paysans ». Curieux exemple de cette décision : un colonel de la gendarmerie
est devenu propriétaire de 37 hectares de telles terres à un prix d’un dollar, sur
la base d’un acte officiel datant des années 1970, années de plomb.
Les petits paysans propriétaires de ces
terres, qu’ils exploitaient depuis plus de 150 ans avec des titres de propriété,
avaient manifesté contre cette offensive. Ils avaient organisé une marche et
des sit-in dans la ville de Zaïo. L’un des militants de droits de l’homme, membre
de l’Instance marocaine des droits humains, Brahim El Abdellaoui, qui avait
soutenu leurs manifestations, est poursuivi devant le tribunal de Zaïo.
C’est là un nouvel exemple d’accaparement
de terres collectives de communautés de petits paysans marocains, qui s’appauvrissent
de jour en jour. Les hauts fonctionnaires, la bourgeoisie commerçante et les grands
propriétaires fonciers, soutenus par les puissances impérialistes, France est en
tête, occupent le pouvoir et l’économie et appauvrissent le peuple. Tout cela
pour que le sang et la sueur des ouvriers et paysans, conséquences de
l’exploitation de leur force de travail dans les camps de concentration, puissent
continuer à nourrir le capital financier impérialiste français.
Le Syndicat national des petits
paysans et professionnels forestiers soutient leur lutte en alertant l'État
marocain ainsi que l'État français et le Parlement européen sur les
conséquences graves de ces politiques économiques de classe. Des lettres de
protestation ont été envoyées par notre syndicat au secrétariat général du Parlement
européen et au Haut-Commissariat des
Nations unies aux droits de l'homme (HCDH) sur des affaires similaires qui aggravent
la vie des paysans au Maroc. Aujourd’hui la situation des paysans marocains empire
et devient insupportable, ce qui converge avec les causes de la révolte en
cours du peuple français. Pour cela, nous appelons les ouvriers et paysans
français à soutenir notre lutte pour le droit à la terre, à l’eau et aux
ressources naturelles et contre les lois coloniales et la spéculation foncière.
Nous
demandons à Monsieur le secrétaire général du parlement européen et M. le
président de la Sous-commission "droits de l'homme" de
transmettre notre lettre aux parlementaires pour les informer d’une situation
grave que leur silence ne ferait que cautionner. L’Union européenne, de par ses
accords d’association avec le Maroc, est partie prenante dans le conflit entre
le régime marocain et les paysans. Il nous semble donc urgent que le Parlement
adopte une résolution exigeant du Conseil qu’il rappelle au gouvernement
marocain ses engagements à respecter les droits de l’homme et les principes
démocratiques, pris dans les accords d’association avec l’UE.
Syndicat National des petits paysans
et professionnels forestiers
Agadir, le 25 janvier 2019
Le secrétaire général
Lahoucine Amal