mercredi 30 janvier 2019

Pour l’alliance des ouvriers et paysans contre les politiques économiques de la France dans les pays de l'Afrique du nord

La mine d'argent Zgounder à Siroua et les champs du Safran autour de Siroua

Dans sa réunion «session du martyre Brahim Saika», le bureau exécutif du syndicat national des petits paysans et professionnels forestiers réuni le 22 avril 2018 au siège national de l’Union Marocaine du travail à Casablanca, a traité la question des préparatifs du premier congrès du syndicat prévu pour juillet prochain, en vue du processus de développement du syndicat paysan au Maroc (SPM) depuis sa naissance en juin 2012. Suit à la continuité de la lutte glorieuse des paysans pauvres au barrage Aoulouz des années 1980-1990 pour leur droit à la terre, l’eau et les richesses naturelles contre l’offensive des survivants du féodalisme et grands propriétaires fonciers au Souss soutenue par les politiques économiques de classe de l’État marocain. 
C’est l’une des hautes formes du nouveau colonialisme qui domine la vie économique, sociale et culturelle des ouvriers, paysans et petits fonctionnaires dans le but d’exterminer la classe moyenne et intégrer le capital commerçant qui détient le pouvoir dans le capital impérialiste mondial, visant  l'exécution des décisions suivant:
L’accaparement de terres collectives (20 millions d’Hectares) et exploitation de l’eau d’irrigation (sources, canaux, barrages) ce qui implique l’épuisement des nappes phréatiques (des centaines de milliards de mètres cubes) par sur-pompage pour les domaines des grands propriétaires fonciers implantés sur les terres des paysans pauvres et financés par les fonds publics crédités du peuple marocain (68 milliards de dollars) en faveur des banques colonialistes internationales. Une agriculture de développement des cultures agricoles destinées à l’exportation et l'implantation de la concentration du capital dans l’agriculture pour but d’intégrer le capital commercial local dans le capital impérialiste.
  L’exploitation des coopératives et associations agricoles pour but d’arracher les biens publics accumulés par la sueur et le sang d’environ un million de familles paysannes, ce qui implique l’exploitation d’un million de femmes paysannes dans des conditions proches de l’esclavage. Ces familles sont enchainées par les crédits de la banque «Crédit Agricole du Maroc» pour payer les frais d’achats des vaches et leur alimentation pour fournir le lait à la coopérative COPAG et la société Centrale Laitière et les frais d’eau d’irrigation à la société Aman Souss de son propriétaire Aziz Akhenouch et des associations d’irrigation des paysans dominées par son ministère. Sans oublier l’exploitation des femmes paysannes dans les coopératives féminines (l’huile d’Argan, le Safran et autres). Par contre, les grands propriétaires fonciers exploitent massivement les ressources d’eau et consomment l’électricité sans en payer les frais, lesquels endettés de milliards de dirhams et profitent malgré tout du soutien du projet dit «Plan Maroc Vert».
L’esclavage moderne des paysans pauvres (spécialement les femmes paysannes pauvres) comme parlementaires pour les informer d’une situation grave que leur silence ne ferait que cautionner. L’Union européenne, de par ses accords d’association avec le Maroc, est partie prenante ouvriers agricoles aux domaines des grands propriétaires fonciers. Ils sont privés des simples droits de travail tel le salaire minimum, la caisse social, l’assurance médical (contre les maladies graves comme les cancers causés par les produits toxiques utilisés dans la production des légumes et fruits), des vacances payées, maternité ...
La pollution des terres et nappes phréatiques par l’utilisation massive des pesticides au niveau des productions agricoles (production des bananes) ce qui menace l’équilibre écologique. L’excès des produits cancérigènes dans la production des agrumes et primeurs, ce qui condamne la santé des consommateurs.
Détournement de fonds publiques à travers de faux projets (projets de l’INDH) dans les campagnes isolées (douars des petits paysans et employés forestiers) au détriment des droits fondamentaux par des conseils communaux, provinciaux et régionaux dirigés par les partis politique soutenus par le gouvernement. Les autorités au niveau régional, provincial et local veillent sur l’acquisition des terres collectives dans les campagnes et banlieues des villes par les grands propriétaires fonciers et leurs sociétés immobilières qui profitent de la spéculation foncière. Les autorités dirigent une grande opération de constitution des dizaines de milliers d’associations utilisées comme moyen de vol de fonds publics de paysans regroupés dans leurs groupements d’habitats douars) sans dignité. Les jeunes paysans quittent l’école pour rejoindre les camps d’exploitation industriels dans les grandes villes et vivent dans des bidonvilles pour nourrir leurs pauvres familles.
L’exploitation des mines (phosphate, or, argent et autres) dans les terres collectives où les paysans pauvres sont exploités comme ouvriers dans ces gisements dans des conditions proches de l’esclavage. Ces grands projets (les mines de phosphate, l’or à Tata, l’argent à Imider Tinghir et Zgouder Tawayalt à Taroudant, charbon à Jrada) appauvrissent la nappe phréatique et polluent les terres et l’eau par des millions de tonnes de déchets toxiques jetés quotidiennement dans les cours d’eau pour développer le capital impérialiste à travers les multinationales.
La construction de méga-installations capitalistes sur les terres collectives (projets Noor à Ouarzazat et Midelt, les autoroutes, aéroports, ports, chemins de fer, le projet marina d’Agadir, les palais des Emirs du golf à Tanger et Agadir, le port touristique à Alhoceima, le barrage touristique de  Tinghir) sans dédommagement à leurs propres propriétaires. Les autorités conduisent des répressions massives contre les protestations de revendications des paysannes pauvres pour leurs droits. De l’autre côté l’État continue à menotter la classe moyenne par des crédits immobiliers qui valent des centaines de milliards de dirhams au détriment des terres collectives et du droit à la santé, l’enseignement et le travail par l’encouragement de la privatisation des institutions publiques et le travail par contrat.
Le soutien de la mafia de l’immobilier, le bois et la drogue à travers le pillage des richesses forestières (le cèdre, genévrier, chêne, argan, cannabis, le safran, l'arganier…) et l’exploitation des terres collectives pour le blanchiment d’argent.
La répression contre les libertés syndicales pour but d’affaiblissement de l’union ouvrière sous prétexte des dites «paix sociale», «cause nationale», «entreprise citoyenne», «libre échange», «commerce libre». De l’autre côté on expulse collectivement les ouvriers et ouvrières et on privatise les entreprises nationales en faveur du capital commercial et impérialiste  à des prix dérisoires.
la répression des mouvements protestataires populaires dans les villes et campagnes (Alhoceima, Jerada, Tinghir, Zagora…) et la condamnation des militants à des peines lourdes pour mettre fin aux protestations pour des revendications économiques et sociales, alors que la majorité des partis politiques sont impliqués dans le viol des droits du peuple marocain.
Dans le cadre de ces politiques économiques de classe soutenues par le capital impérialiste, la France, le protecteur des intérêts impérialistes au Maroc, veille sur l’exploitation des ouvriers et paysans par la participation de ses entreprises, qui a dépassé dans le domaine de fabrication de voitures au Maroc le plafond de production d’un million de voitures et passe à la production d’une voiture chaque minute. Cela aboutit au développement du capital impérialiste par l’exploitation des descendants des paysans comme ouvriers dans les entreprises françaises et internationales installées dans tous les secteurs au Maroc.
Le syndicat paysan au Maroc dénonce ces politiques économiques de classe et appelle la classe ouvrière, l’alliée historique des paysans, à l’unité contre l’illusion de la propagande politicienne qui sert les intérêts des classes qui détiennent le pouvoir.
Tous pour instaurer la lutte collective pour les droits des ouvriers et paysans en s’inspirant de la vraie lutte nationale pour laquelle nos martyres (ouvriers et paysans) ont fait couler leur sang contre le colonialisme.
Syndicat Paysan Maroc
Nous avons transféré une lettre au se secrétaire général du parlement européen pour la transmettre aux parlementaires pour les informer d’une situation grave que leur silence ne ferait que cautionner. L’Union européenne, de par ses accords d’association avec le Maroc, est partie prenante dans le conflit entre le régime marocain et les paysans. Il nous semble donc urgent que le Parlement adopte une résolution exigeant du Conseil qu’il rappelle au gouvernement marocain ses engagements à respecter les droits de l’homme et les principes démocratiques, pris dans les accords d’association avec l’UE.

mardi 29 janvier 2019

Accaparement de terres collectives et vol de biens publics au Maroc

Le détenu politique Said Takrayout au moment de sa sortie de la prison de Zagora

Tamtatoucht, le village natal de Zaid U Hmad, un des héros de la résistance au djebel Baddou après la bataille de Bougafer à Saghrou au sud-est du Maroc, dernier front de la résistance contre le colonialisme en 1934. Ce village est aujourd’hui mis sous couvre-feu par le régime marocain pour permettre la réalisation du projet dit de «barrage touristique» de Toudgha, financé avec 40 millions d’euros de fonds publics. Ce projet, lancé par Aziz Akhannouch, chef et patron des terres et mers au Maroc, est destiné à enrichir ses amis spéculateurs fonciers par l’exploitation des terres collectives des tribus amazighs Ait Merghad, une population d’environ 50 000 habitants, et de la commune d’Ait Hani, à laquelle Tamtatoucht appartient, qui compte 18 000  habitant.
C’est une autre façon d’occuper les terres des paysans pauvres tout comme le projet dit de  «port touristique» à Al Hoceima, les complexes immobiliers Marina à Agadir et d’autres à travers le Maroc. Le seul but de ces prédateurs est d’occuper les 20 millions d’hectares de terres collectives qui contiennent entre autres des mines d’or et d’argent. Ces terres sont arrachées à leurs vrais propriétaires, les paysans amazighs déjà appauvris par les lois coloniales françaises.
Depuis février 2017, début des travaux du ce projet, les paysans de Tamtatoucht, appauvris et marginalisés par la négligence de l'État depuis 62 ans, se sont mobilisés contre le projet. Ce projet menace aujourd’hui leur existence même, par l’offensive menée contre leurs terres et leurs ressources naturelles. Pour survivre, ils doivent mener une lutte dans l’esprit de Zaid U Hmad contre la Hogra (mépris).
Le 15 novembre 2017, 1000 paysans de Tamtatoucht, en majorité des femmes, ont conduit une marche vers le chantier du barrage, l’occupant et arrêtant les travaux. Les autorités de Tinghir ont refusé de négocier avec notre syndicat dont le gouverneur a insulté le secrétaire général, Zaid Takrayout, leader de la lutte contre le vol des biens publics à Tinghir et a lancé une série d’inculpations contre lui.
Le sit-in des paysans, organisé principalement par les femmes paysannes, a duré 57 jours.
Le 10 janvier 2018 à 6h  du matin, 1000 hommes de forces de répressions ont occupé le lieu du sit-in, à 9h les paysans ont marché vers le barrage, et leur marche a été écrasée, 11 paysans dont une femme ont été arrêtés et déférés au tribunal de Ouarzazate.
Le 11 janvier 2018 le secrétaire général du syndicat Zaid Takrayout a été arrêté lui aussi et déféré au tribunal de Ouarzazate.
Le 5 février 2018 le tribunal de première instance a émis une lourde sentence :
- Une année ferme au secrétaire général du syndicat.
- Dix mois fermes à six paysans détenus.
- Cinq mois avec sursis à cinq autres paysans, dont une femme.
- Une amende de 2000 dirhams chacun.
Le 7 mars 2018 la cour d’appel de Ouarzazate a confirmé les sentences avec réduction de deux mois pour six prisonniers, 8 mois au lieu de 10 et une amende de 1000 au lieu de 2000 dirhams.
Voici la liste des prisonniers :
- Zaid Takrayout né en 1963, marié, trois enfants.
- Bassou Arhou né en 1978, marié, cinq enfants.
- Brahim Zâabit né en 1984, marié, un enfant.
- Bassou Mouhda né en 1984, marié, cinq enfants.
- Mohamed Allout né en 1993, célibataire.
- Rachid Abdi né en 1994,  célibataire.
- Yassine Ghermin né en 1995, célibataire.
Leurs familles n’ont plus rien à manger !
Depuis les arrestations des leaders du Hirak du Rif toutes les manifestations sont écrasées et leurs leaders sont arrêtés et poursuivis. Une nouvelle ère de répression organisée par l'État s'est ouverte au Maroc comme suite de la guerre en Syrie. Une répression soutenue par les instances dirigeants de l’Union européenne, en particulier par la France, après la visite de monsieur Macron au Maroc en juin dernier pour soutenir le régime marocain, qui a appliqué et suivi dès lors la logique de la matraque contre les manifestants et ouvert les portes de ses prisons.
Une analyse de cette situation critique nous conduit à conclure que les membres de l’Union européenne, en particulier la France, soutiennent les spéculateurs immobiliers marocains contre les intérêts des paysans, avec leurs dons et crédits pour soutenir les politiques anti-démocratiques du régime marocain. Le peuple marocain est endetté à hauteur d’environ 68 milliards de dollars, tandis que des millions d’euros traversent la Méditerranée chaque jour sous forme de produits miniers, agricoles et halieutiques exportés, sans que les paysans en bénéficient. Aujourd’hui ils se retrouvent chassés définitivement de leurs terres, par une politique de véritable ségrégation, d’apartheid.
Cette situation critique permanente provoque une ébullition qui se manifeste chaque jour sur divers fronts d’action populaire, et fait des victimes et des prisonniers, en premier lieu chez les paysans.
Le dossier Brahim Saika, martyr de la lutte contre la mafia immobilière dans la région Guelmim Oued Noon, est toujours en tête de l’ordre du jour de notre lutte, Mey Aicha, sa mère, a défendu ce dossier depuis deux ans, en vain. Les spéculateurs immobiliers sahraouis ont tenté à plusieurs reprises de liquider l’affaire, mais Mey Aicha est une femme paysanne qui préfère mourir de faim plutôt que trahir le sang du martyr.
Nous vous demandons donc, Monsieur le Secrétaire général, de transmettre notre lettre aux parlementaires pour les informer d’une situation grave que leur silence ne ferait que cautionner. L’Union européenne, de par ses accords d’association avec le Maroc, est partie prenante dans le conflit entre le régime marocain et les paysans. Il nous semble donc urgent que le Parlement adopte une résolution exigeant du Conseil qu’il rappelle au gouvernement marocain ses engagements à respecter les droits de l’homme et les principes démocratiques, pris dans les accords d’association avec l’UE.
Agadir, le 17 mars 2018
Amal Lahoucine
Secrétaire  général

Lettre ouverte d’un Marocain au petit monsieur Macron qui s’imagine par ses petits mots devant le peuple marocain …


Par Lahoucine Amal
Publiée le samedi 17 juin 2017, à l'occasion de la visite de Macron au Maroc. 
Monsieur Macron s’imagine que nous ignorons qu’il n’est arrivé à l’Élisée qu’après la faillite de la gauche française. Qui, pendant des années, a été chargée de réaliser le projet destructeur contre la classe ouvrière française, et la réalisation de projets de libération et démocratisation en Afrique. En multipliant les souffrances des peuples africains par la réalisation de coups d’État et l’assassinat des présidents liberticides des pays africains…

Monsieur Macron s’imagine que nous ignorons l’objectif de sa visite au Maroc sous prétexte de renseignements concernant les révoltes du peuple marocain, et en tête la révolte populaire en Rif. Qui a été déclenchée il y a huit mois et contrée par la torture sanglante de l’État : attaques des maisons, enlèvements des militants, détentions arbitraires, poursuites, jugements et procès arbitraires.
Monsieur Macron s’imagine qu’il peut, par ses petits mots devant les médias sur ses projets politiques, économiques et commerciaux en Afrique, prendre le ftour royal du ramadan et faire sa promenade touristique, en masquant le vrai visage des politiques de la classe dominatrice française. Qui ont  échoué  à réprimer les révolutions des peuples africains et la révolution marocaine en tête, celle qui va enfoncer le dernier clou dans le cercueil de la France en Afrique.
Monsieur Macron s’imagine que nous ignorons qu’il est très petit devant les révolutions des peuples africains mais se croit encore plus grand devant les agents de l’impérialisme français sur les États africains, les chefs voleurs de l’argent des peuples opprimés en Afrique. Afin de réanimer le capital financier français qui est en crise permanente et bloquer la lutte ouvrière en Europe par la distribution d’une part de cet argent comme corruption aux chefs bureaucrates syndicaux petit-bourgeois. Qui sont soumis aux complots des sociétés de transactions contre les intérêts de la classe ouvrière dans les  pays africains opprimés.
Monsieur Macron s’imagine peut-être que nous ignorons que cet argent volé à ces propriétaires africains, les pauvres de l’Afrique, passe par les banques de Casablanca vers la France et la Suisse. Par contre, les quartiers populaires des villes marocaines sont peuplés de jeunes pauvres Africains. Qui sont là pour chercher à vivre dans la marge des Marocains démunis, alors que les familles des riches Africains voleurs vivent dans des grands hôtels cinq étoiles de la ville et se baladent au beau matin sur ses boulevards, cherchant les dernières modes de vêtements et les portables dernier cri dans les vitrines de ses boutiques.
Monsieur petit Macron  veut par ses petits mots cacher tous ses grands crimes et laver le visage de la France, sanguinolent du sang des pauvres africains. Et, présenter la France au peuple marocain comme un vrai pays démocratique tout en dirigeant les guerres de vol dans les pays africains.
Monsieur Macron croit que nous ignorons qu’il est ici au Maroc précisément en ce temps critique de la révolte en ébullition du peuple marocain, pour afficher sa confiance devant la répression sanglante, le simulacre de procès et les jugements injustes contre les militants de la révolte en Rif et contre tous les champs de confrontations au Maroc.
De notre part à tous, nous voulons lui présenter la tonalité épique de la révolte populaire du Rif comme patrimoine du Maroc révolutionnaire, que ses ancêtres connaissaient très bien, Lyautey le sanglant en tête.
On veut lui dire que l’identité marocaine est celle d’un peuple aux racines profondes dans l’histoire de la guérilla révolutionnaire. Un peuple qui a participé à la construction de la civilisation à l’échelle internationale, et méditerranéenne en particulier, en interaction avec toutes les civilisations et cultures au niveau international depuis les grecs, les romains et à travers toutes les religions.
On veut lui dire que l’identité marocaine est une identité basée sur la diversité d’affiliation d’abord en Afrique au niveau continental et en Afrique du nord au niveau régional, en relation avec les pays arabes et européens. Elle est basée sur Tamazigh ouverte vers l’arabe et vers toutes les langues et cultures étrangères, et caractérisée par la résistance contre l’ancien et le nouveau colonialisme.
Cette dynamique historique en quantité et en qualité a une grande influence sur la construction de l’identité marocaine. Il n’est jamais possible de la réduire en des petits mots devant les médias par lesquels tu veux faire illusion à l’opinion publique internationale et européenne, alors que  bien sûr l’opinion marocaine connait évidemment les dérives de son pays.
Monsieur Macron, on veut te dire que la révolte populaire du Rif et du Maroc a continué et ne s’est jamais arrêtée depuis les deux révolutions du sud et nord marocains contre l’impérialisme franco-espagnol, et tout ce qui suit de résistance armée sur tous les fronts. Malgré les complots, la trahison et l’alliance des féodaux avec le colonialisme et l’exploitation du pays par la force du fer et du feu, jusqu’à la présente révolte populaire en Rif.
 Aujourd’hui, nous voulons te faire savoir que cette présente révolte ne peut pas être dépassée par ta visite de renseignements. Son ébullition va franchir les deux rives de la Méditerranée. Ces lieux dont on est crédité dans l’Histoire par le commandement du chef de la guérilla de Ben Abdelkrim.
Notre base de lutte est l’union de la classe ouvrière par sa direction d’avant-garde et son alliance avec les paysans contre l’ancien et nouveau colonialisme.

lundi 28 janvier 2019

Les centrales solaires Noor Maroc pillage des biens publics

La centrale solaire Noor Ouarzazate

Le Maroc est devenu le milieu favorable des manipulations des programmes des grandes puissances impérialistes pour l’accumulation d’argent à travers les projets industriels. Le régime marocain par ses politiques de classe menées depuis les années 1980, a disposé les ressources naturelles du peuple marocain suivant les intérêts du capital impérialiste, au même temps que le peuple s’appauvri de jour en jour. Des simples démarches juridiques sont à la disposition des sociétés impérialistes visant l’exploitation des terres des paysans pauvres, 20 millions d’hectares, les sociétés françaises en tête.
Le régime marocain est engagé fortement dans l’exécution des nouveaux plannings de projets coloniaux programmés sur les terres des paysans pauvres opprimés. L’Agence marocaine de l’énergie solaire et l’Office national de l’électricité et de l’eau potable, deux établissements dominés par la bourgeoisie commerçante sont impliqués dans ces grands projets. Des projets impérialistes proie divisée entre des sociétés de transactions françaises, indiennes et chinoises et la Banque allemande de développement. Des énormes fonds d'argent public dépensés sous couvert de crédits de banques impérialistes pour bénéficier ses sociétés et augmenter leurs capitaux.
 Les trois projets Noor Ouarzazate de la centrale solaire qui sont destiné à produire de l’électricité dit énergie alternative, sont des bons exemples de pillage des biens publics au Maroc.  Le projet Noor 1 Ourzazate  est supervisé par l’ACWA Power, une société saoudienne, voir le lien:
Trois ans de construction pour un coût de 671 millions de dollars, tandis que le coût total de ces projets s'élève à deux milliards 470 millions de dollars.
Les projets Noor Ouarzazate sont implantés sur les terres des paysans pauvres, des tribus amazighes au sud-est du Maroc, marginalisés depuis 1956. Malgré qu’ils habitent dans une région proche des mines d’argent exploitées depuis les années 1920, un grand barrage et des studios de l’industrie cinématographique (Hollywood Ouarzazate) ces paysans s’appauvries de jour en jour et leur terres sont desséchés. Une guerre farouche est menée contre leur droit à la terre, à l’eau et aux ressources naturelles. Des dizaines de milliers d’hectares de leurs terres ont été ravagées pour implanter ces centrales solaires.
La manifestation des paysans pauvres de Ghessate à Ourzazate, le lieu de ses projets, pour leur droit à la terre est réprimée. Leur leadeurs sont détenus et condamnés à des lourds peines de prison.
Les radiateurs électriques alimentés par les panneaux solaires, ont complètement consommé l’eau du barrage Mansour Ed-dahbi à Ouarzazate, des dizaines de millions de mètres cubes d’eau sont évaporés. Les paysans pauvres de la vallée de Drâa n’ont plus accès à l’eau d’irrigation par leurs méthodes traditionnelle.
La manifestation des habitants de Zagora pour leur droit à l’eau potable a été réprimée. Ses leadeurs sont détenus et condamnés à des lourds procès.
L’énorme somme d’argent, pillage d’argent publics, dépensée en faveur de banques et de sociétés impérialistes ne fait que multiplier les souffrances du peuple marocain endetté (92 milliards de dollars). Ce qui démontre les objectifs coloniaux de ces projets qui servent les capitaux impérialistes au détriment des intérêts du peuple marocain opprimé.
Ces politiques de classe ont des répercussions graves sur la vie des paysans pauvres :
Leurs terres sont exploitées par les nouveaux colonialistes sans compensation financière substantielle ni avantages économiques et sociaux dans leurs régions.
Leur droit à la revendication est violé, le public les appelle «  Paysans Gazat-Ouarzazate ». Ils sont aujourd’hui  menacés à se réfugier comme des palestiniens.
Une nouvelle ère de torture a été déclaré au Maroc depuis l’engagement du régime marocain dans l’exécution des pactes impérialistes de dit Libre-échange qui dispose les ressources naturelles marocaines à l’exploitation massive du capital financier impérialiste.
Cette situation grave demande le renforcement de la lutte paysanne à travers l’organisation des paysans pauvres au niveau national et international. Le syndicat paysan national des petits paysans et professionnels forestiers est engagé depuis sa fondation dans la voie de l’organisation de la lutte pour les droits légitimes des opprimés marocains.


vendredi 25 janvier 2019

Sidi Ayad : sous les pieds des paysans pauvres, des mines d’argent

  
Sidi Ayad, une tribu amazighe au sud-est du Maroc est entièrement marginalisée. Des ruines du camp de concentration construit par l’armée française sont encore debout au pied la montagne : il visait à contrôler les ouvriers de la mine au sommet de la colline. Il est aujourd'hui l'abri des paysans pauvres, qui cherchent des pierres dans les déchets minéraux de la mine.
Sidi Ayad recèle l’une des grandes ressources minières du Maroc, déjà exploitées par les Français à l’époque coloniale, comme toutes les régions du sud-est marocain. Elle comporte une nappe d’eau importante, un barrage a été construit pour compléter la production électrique des panneaux solaires de la centrale Noor 4.
Noor 4 est une centrale solaire destinée à fournir de l’électricité aux usines de l’industrie minière projetées. La France revient pour récupérer les ressources délaissées suite à la deuxième guerre mondiale et au mouvement de la libération nationale marocain.
Le régime marocain est engagé dans les nouveaux projets coloniaux sur les terres des paysans pauvres opprimés de Sidi Ayad.
Une intervention du syndicat paysan doit être réalisée dans les mois qui viennent : de Tamtatouchte à Sidi Ayad, une nouvelle lutte paysanne est engagée.
Nous demandons à monsieur le secrétaire général du parlement européen et M. le président de la Sous-commission "droits de l'homme" de transmettre notre lettre aux parlementaires pour les informer d’une situation grave que leur silence ne ferait que cautionner. L’Union européenne, de par ses accords d’association avec le Maroc, est partie prenante dans le conflit entre le régime marocain et les paysans. Il nous semble donc urgent que le Parlement adopte une résolution exigeant du Conseil qu’il rappelle au gouvernement marocain ses engagements à respecter les droits de l’homme et les principes démocratiques, pris dans les accords d’association avec l’UE.


Un colonel de gendarmerie marocain s’approprie des terres collectives à Nador, au Maroc



En octobre dernier les autorités marocaines, appuyées par des forces de répression et des gendarmes, avaient envahi des terres  appartenant à des Oulad Settout à Zaïo, dans la province de Nador (région de L’Oriental). Elles avaient chassé les petits paysans pauvres de leurs terres, détruisant leurs projets agricoles et occupant leurs maisons.
L'État marocain avait annoncé « la restitution d’un million d’hectares de terres collectives irriguées aux petits paysans ». Curieux exemple de cette décision : un colonel de la gendarmerie est devenu propriétaire de 37 hectares de telles terres à un prix d’un dollar, sur la base d’un acte officiel datant des années 1970, années de plomb.
Les petits paysans propriétaires de ces terres, qu’ils exploitaient depuis plus de 150 ans avec des titres de propriété, avaient manifesté contre cette offensive. Ils avaient organisé une marche et des sit-in dans la ville de Zaïo. L’un des militants de droits de l’homme, membre de l’Instance marocaine des droits humains, Brahim El Abdellaoui, qui avait soutenu leurs manifestations, est poursuivi devant le tribunal de Zaïo.
C’est là un nouvel exemple d’accaparement de terres collectives de communautés de petits paysans marocains, qui s’appauvrissent de jour en jour. Les hauts fonctionnaires, la bourgeoisie commerçante et les grands propriétaires fonciers, soutenus par les puissances impérialistes, France est en tête, occupent le pouvoir et l’économie et appauvrissent le peuple. Tout cela pour que le sang et la sueur des ouvriers et paysans, conséquences de l’exploitation de leur force de travail dans les camps de concentration, puissent continuer à nourrir le capital financier impérialiste français.
Le Syndicat national des petits paysans et professionnels forestiers soutient leur lutte en alertant l'État marocain ainsi que l'État français et le Parlement européen sur les conséquences graves de ces politiques économiques de classe. Des lettres de protestation ont été envoyées par notre syndicat au secrétariat général du Parlement européen et au  Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH) sur des affaires similaires qui aggravent la vie des paysans au Maroc. Aujourd’hui la situation des paysans marocains empire et devient insupportable, ce qui converge avec les causes de la révolte en cours du peuple français. Pour cela, nous appelons les ouvriers et paysans français à soutenir notre lutte pour le droit à la terre, à l’eau et aux ressources naturelles et contre les lois coloniales et la spéculation foncière.
 Nous demandons à Monsieur le secrétaire général du parlement européen et M. le président de la Sous-commission "droits de l'homme" de transmettre notre lettre aux parlementaires pour les informer d’une situation grave que leur silence ne ferait que cautionner. L’Union européenne, de par ses accords d’association avec le Maroc, est partie prenante dans le conflit entre le régime marocain et les paysans. Il nous semble donc urgent que le Parlement adopte une résolution exigeant du Conseil qu’il rappelle au gouvernement marocain ses engagements à respecter les droits de l’homme et les principes démocratiques, pris dans les accords d’association avec l’UE.
Syndicat National des petits paysans et professionnels forestiers
Agadir, le 25 janvier 2019
Le secrétaire général
Lahoucine Amal


jeudi 24 janvier 2019

Un colonel de gendarmerie marocain s’approprie des terres collectives à Nador, au Maroc



En octobre dernier les autorités marocaines, appuyées par des forces de répression et des gendarmes, avaient envahi des terres  appartenant à des Oulad Settout à Zaïo, dans la province de Nador (région de L’Oriental). Elles avaient chassé les petits paysans pauvres de leurs terres, détruisant leurs projets agricoles et occupant leurs maisons.
L'État marocain avait annoncé « la restitution d’un million d’hectares de terres collectives irriguées aux petits paysans ». Curieux exemple de cette décision : un colonel de la gendarmerie est devenu propriétaire de 37 hectares de telles terres à un prix d’un dollar, sur la base d’un acte officiel datant des années 1970, années de plomb.
Les petits paysans propriétaires de ces terres, qu’ils exploitaient depuis plus de 150 ans avec des titres de propriété, avaient manifesté contre cette offensive. Ils avaient organisé une marche et des sit-in dans la ville de Zaïo. L’un des militants de droits de l’homme, membre de l’Instance marocaine des droits humains, Brahim El Abdellaoui, qui avait soutenu leurs manifestations, est poursuivi devant le tribunal de Zaïo.
C’est là un nouvel exemple d’accaparement de terres collectives de communautés de petits paysans marocains, qui s’appauvrissent de jour en jour. Les hauts fonctionnaires, la bourgeoisie commerçante et les grands propriétaires fonciers, soutenus par les puissances impérialistes, France est en tête, occupent le pouvoir et l’économie et appauvrissent le peuple. Tout cela pour que le sang et la sueur des ouvriers et paysans, conséquences de l’exploitation de leur force de travail dans les camps de concentration, puissent continuer à nourrir le capital financier impérialiste français.
Le Syndicat national des petits paysans et professionnels forestiers soutient leur lutte en alertant l'État marocain ainsi que l'État français et le Parlement européen sur les conséquences graves de ces politiques économiques de classe. Des lettres de protestation ont été envoyées par notre syndicat au secrétariat général du Parlement européen et au  Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH) sur des affaires similaires qui aggravent la vie des paysans au Maroc. Aujourd’hui la situation des paysans marocains empire et devient insupportable, ce qui converge avec les causes de la révolte en cours du peuple français. Pour cela, nous appelons les ouvriers et paysans français à soutenir notre lutte pour le droit à la terre, à l’eau et aux ressources naturelles et contre les lois coloniales et la spéculation foncière.

Syndicat National des petits paysans et professionnels forestiers
Agadir, le 25 janvier 2019

mardi 22 janvier 2019

Témoignage du Martyr Hassan Id Abdellah fondateur du mouvement des paysans pauvres du barrage Aoulouz



 Je suis prêt à militer jusqu'à la mort
pour les biens publics 
 Tasdermte, le village natal de Hassan Id Abdellah (mort le 16 décembre 2008) martyr du mouvement des paysans pauvres d’Aoulouz, «fait désormais partie du passé, mais son souvenir ne peut pas me quitter» dit Hassan qui raconte l’histoire des paysans évacués par la construction du Barrage Aoulouz sur leurs terres. 

Hassan Id Abdallah est un paysan pauvre militant. Il habitait au douar Tasdermte (mot amazigh signifiant Porte), situé à l’entrée de la vallée d'Ouzioua. Il est parmi les fondateurs de l'association Ifghelen (signifiant espace réservé aux troupeaux du village) constituée en avril 1997. Ifghelen est aussi le nom de l’endroit où le barrage Aoulouz est construit. Hassan est aussi membre fondateur du syndicat des paysans pauvres d'Aoulouz. Il vit aujourd'hui  dans le nouveau village, Tisrass, créé après la destruction de Tasdermte, où il s’est installé avec sa famille, après l'évacuation par le barrage. Dans son ancien village, la famille Id Abdallah avait une belle maison située au pied d'une montagne dominant la vallée d'Ouzioua. Aujourd'hui, seuls demeurent les souvenirs de cette ancienne et belle Tasdermte.
 «Je me rappelle tous les détails, comme si c’était aujourd'hui. Notre belle maison au pied de la montagne, à la porte de la vallée d'Ouzioua Tasdermte (qui signifié aussi, la place et le rôle social  d'un homme dans  la société)  au bord  de la rivière d'Ouzioua, qui coule sans arrêt pendant les quatre saisons. Notre nouvelle maison, dont les travaux se sont terminés en 1986, a une superficie de 360 mètres carrés, elle est construite en pierres et béton, elle est constituée de deux étages et comprend 12 pièces avec cuisine traditionnelle, toilettes et cour plus un espace  pour nos animaux. Le remboursement de tous ces biens plus 70 arbres fruitiers divers est de 7777 Euro. »
« Au moment de l'évacuation obligatoire, J'avais refusé de quitter notre maison sans ouvrir un dossier juridique pour justifier de la valeur exacte d'un remboursement légal. C’était la seule maison qui restait debout à Tasdermte face au bulldozer qui avait tous détruit dans notre village. Les champs et récoltes avaient été rasés par ce bulldozer, pour détruire les traces du vol commis au moment du recensement des biens des paysans pauvres. J'avais envoyé des lettres de protestation aux responsables locaux et nationaux en demandant une expertise de nos biens. Un expert de la province était enfin arrivé, pour faire son travail. Cela se passait  dans les années de plombe, c'était en 1988. »
« Mais rien n'a été réglé.  Tout le fruit de mes activités agricoles à Tasdermte et de celles de mon frère, ouvrier émigré en France depuis les années soixante, a été perdu, massacré pour bâtir le capitalisme. »
«La deuxième chose qui reste choquante dan s ma mémoire est le rasage des terres près de la rivière par les inondations de 1987, avant le recensement de nos champs. La rivière avait rasé une quantité importante des champs des paysans pauvres, sans aucun secours de la part du régime marocain. Ce qui est important à signaler ici, c’est que la carte topographique qui va être utilisée pour le recensement des champs avait été déjà faite avant les inondations. La question que posaient les paysans pauvres était: au compte de qui ces terres perdues par les inondations sont-elles  recensées ?Il faut savoir à ce niveau qu'il y avait une liste de personnes qui avaient de relations directes ou indirectes avec le régime marocain et qui ont été bénéficières, alors que, légalement, elles ne possédaient aucun bien dans la région. Il faut aussi savoir que des paysans pauvres sont spoliés de leurs biens sans obtenir aucun remboursement et que certains attendent toujours l'exécution des décisions du tribunal administratif d'Agadir. Je suis parmi ceux qui attendent l'ouverture de dossiers de violations graves des droits économiques.
Cette question est apparue après l'évacuation pour cause de barrage, qui a été suivie par un faible remboursement, trois fois rien. Nous avions un bour très important à un kilomètre du barrage, c’était le seul espace qui restait pour s'installer au début des années 1990. On a recommencé à zéro, il fallait bâtir une maison qui n'est plus comme celle qu'on avait perdu au barrage, il fallait creuser un puits pour avoir l'eau pour la construction de la maison, l'eau potable et l'irrigation du potager à côté de la maison. Nous avons du alors affronter les agent des Eaux et Forêts qui venaient planter des eucalyptus, pour bien obliger les paysans pauvres à quitter le lieu. C’était un vrai combat contre les responsables des Eaux et Forêts, qui voulaient limiter notre territoire et massacrer notre forêt d'arganiers. À chaque fois qu'ils plantaient des eucalyptus, je venais les couper et détruire les bornages qu'ils avaient tracés. Tout cela était un combat solitaire, nous étions dépourvus d'organisation, dans un monde de paysans pauvres déracinés de leur terre natale, dans la torture des années noires. Enfin, on a posé la première pierre d'un nouvelle commune qui a été baptisée appelée Tisrass (mot amazigh signifie les positions). Alors s’est ouverte une nouvelle page de lutte, cette fois-ci contre le président de la nouvelle commune, fils d’un comprador et agent des autorités coloniales. »
« Après nous être installés dans notre nouvelle Tasdermte et avoir déposé notre dossier au bureau de l'AMDH à Taroudant, deux choses restaient à régler. La première était de s'organiser dans une association paysanne. Une assemblée d'un nombre limité de paysans pauvres, qui avaient une expérience de lutte pour leurs droits, a été organisée dans la maison de Lhaj Mohamed en avril 1997 sous l’encadrement du camarade Amal Lahoucine. Nous avions lutté au niveau local et national, envoyé des lettres de protestation au gouverneur de Taroudant et aux ministres de l'Intérieur et de l'Équipement, des lettres de demande de soutien aux partis politiques et députés de la province et enfin nous avions déposé un recours judiciaire au tribunal administratif à Agadir.
Une association paysanne était donc constituée le 27 avril 1997, les autorités à Aoulouz ont refusé de la reconnaître et nous donner le reçu de dépôt du dossier. À l'époque, créer une association de paysans pauvres dans la zone du barrage d’Aoulouz n'était pas possible. La politique des barrages était une chose sacrée sous Hassan II, ce qui explique l'impossibilité de l'intervention des partis politiques parlementaires dans ce dossier. Nous avons donc engagé une autre lutte pour le droit de nous organiser après avoir déposé le dossier de l'association auprès du procureur de Taroudant. Le reçu de dépôt du tribunal permis de gérer les affaires administratives internes sans avoir la possibilité d'organiser des activités publiques. Cette situation a duré trois ans; en mars 2000 nous avons enfin eu le reçu de dépôt du dossier de l'association des autorités d’Aoulouz. »
« Notre première activité publique a eu lieu le 08 avril 2000 : nous avons organisé une rencontre du militant marxiste marocain Abraham Serfaty avec la société civile d'Aoulouz sur le thème «militantisme et développement des paysans pauvres au Souss».
Au cours de cette rencontre, quatre points de repère pour le militantisme dans le Souss ont été donnés par le camarade Abraham. Le premier était la lutte pour le droit à la terre, contre la violation des terres collectives des paysans pauvres par les grands propriétaires fonciers. Le deuxième était la lutte pour le droit à l'eau, contre le massacre de la nappe phréatique au Souss par le sur-pompage dans les domaines des grands propriétaires fonciers. Le troisième était la protection de l'arganier, mis en danger par l'implantation des agrumes dans le Souss. Le quatrième était le développement de la culture et de la langue amazigh, marginalisées par le régime marocain. Pour cela, le militant Abraham proposait de travailler sur deux fronts pour bien s'organiser, le premier était l'association Ifghelen et le deuxième devait être un syndicat des paysans.
Après cette rencontre, l'association a continué la lutte pour le droit des paysans pauvres d'Ouzioua à leurs biens. Le premier travail concernait les dossiers déposés au tribunal administratif d’Agadir, pour l'exécution de ses décisions qui a traîné trois ans; en 2004, les indemnisations ont commencé à être versées. Malgré le montant très faible de ces indemnités, beaucoup de dossiers sont encore en souffrance. Parmi ces dossiers, celui de notre maison, sur lequel le tribunal n’a toujours pas pris de décision à ce jour. Je ne comprends pas pourquoi le pouvoir marocain parle de démocratie et droits de l'homme, alors qu’il n’a pas le courage de régler les problèmes des paysans pauvres d'Ouzioua?»
«Il fallait accélérer la lutte, à chaque période qui passait les problèmes se multipliaient et la création d'un syndicat paysan devenait nécessaire. Nous avons déclenché une nouvelle lutte pour le reste des terres des paysans des sept douars évacués à cause du barrage. En 2001, le président de la commune de Tisrass avait essayé d'occuper 121 hectares de terres de paysans pauvres, en falsifiant des documents avec l'aide des autorités et des Eaux et Forêts de Taroudant. Nous avons détecté le problème et quand les responsables du Cadastre de Taroudant ont essayé de borner ces terres, ils ont été arrêtés par les paysans pauvres. Il y a eu une alerte générale : un assemblé a été organisée à la salle communale d'Aoulouz avec l'appui des militants de la Voie démocratique de Taroudant. À la fin de la réunion, le bureau syndical des paysans était constitué, son premier dossier était l'organisation de la lutte contre le président de la commune de Tisrass. Une plainte était déposée chez le procureur et le chef du Cadastre à Taroudant pour arrêter le bornage de ces terres.
C'est très simple : le régime marocain était convaincu que, devant notre lutte pour le reste de nos terres, il n'avait que ce moyen pour mobiliser ses alliés afin de réaliser le reste de son programme d'évacuation. L’idée générale derrière cette affaire était d'ouvrir la voie à une occupation de ces terres par les grands propriétaires qui avaient des visées sur les vastes forêts d'Ouzioua. Un ex-responsable à la Province de Taroudant, responsable de toutes les violations graves des droits des paysans au barrage d’Aoulouz, a ainsi occupé 20 hectares près du barrage de la même façon : en falsifiant des documents sur lesquels il a mis le nom de son fils… »
«  Aujourd'hui, il lance un avis de vente pour trouver un acheteur pour cette terre, qui se trouve à côté de la ferme du président (=maire) de la commune de Tisrass.
Le 26 janvier 2003 le syndicat et l'association Ifghelen avaient organisé un sit-in devant le siège de la commune de Tisrass. Les paysans pauvres étaient bien organisés. Aux élections de 2003, les paysans pauvres ils mis en échec Monsieur le Président en choisissant une équipe constituée de certains membres actifs de l'association et du syndicat. M. le président a été mis hors-jeu. Mais il n’a pas arrêté ses manœuvres pour autant  cette année : il vient de sortir un autre document falsifié pour essayer d'occuper le village tout entier. Cet homme a passé ses deux mandats à la tête de la commune à falsifier des documents. Son rôle dans le conseil communal est de compléter la mission du régime marocain, qui vise l'exploitation exclusive sans limites des ressources naturelles du Souss. Pour cela, après la construction du barrage d’Aoulouz et l'évacuation des paysans pauvres de sept douars, le régime avait divisé la commune d’Ouzioua et créé celle de Tisrass, pour diviser encore plus la communauté d'Ouzioua, pour ouvrir encore une nouvelle page de souffrance des paysans pauvres autour du barrage Mokhtar Soussi. »

Novembre 2006, Lahoucine Amal
Correction : Fausto Giudice

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