mardi 8 janvier 2019

Alerte à la catastrophe au Souss !


L’arganier et la nappe phréatique en danger

Le Souss est l’une des plus importantes bases matérielles de l’histoire et la civilisation de notre pays en relation avec le développement du mouvement socioculturel au Maroc. Ceci a caractérisé la vie civile de l’Homme au nord-africain et sud européen. Cette base  constitue, à travers les noms des terres collectives forestières et pastorales, la côte atlantique, les mines de l’Atlas, les sources de l’eau, les frontières entre les tribus, les actes de propriétés foncières, un véritable monument historique de la civilisation au Haut et Anti-Atlas  au Sud du Maroc, où est vécu  le  caractère amazigh.
Tout cela avait poussé le colonialisme français à fonder son exploitation dans le Souss, à travers l’occupation des terres, de l’eau et des ressources naturelles, par une main de fer et de  feu, avec pour but d’abattre la propriété collective des terres et de faire régner l’exploitation capitaliste de celle-ci, et à couvrir sa politique par les lois de la classe coloniale, entre 1912 et 1938, pour rendre légitime la violation des terres de petits paysans et professionnels forestiers et transformer la plupart d’entre eux en paysans pauvres sans terres et ouvriers agricoles subissant de multiples exploitations capitalistes, proches de l’esclavage, dans les domaines des grands propriétaires. L’application des dites lois de conservation et de décisions administratives foncières vise à l’élimination d'un monument de la civilisation de notre pays à travers l’annulation des documents de propriétés collectives et privées locales.
Cette politique de la classe coloniale reprend sa continuité par de nouvelles façons d’exploitations depuis 1956 à fin de protéger les intérêts du colonialisme. Les petits et pauvres paysans et professionnels forestiers sont opprimés, leurs révoltes écrasées par la répression et leurs leaders détenus à chaque fois qu’ils revendiquent leur droit à la terre, à l’eau et aux ressources naturelles.
Potentialité d’une région agricole
La rivière Souss constitue le cœur battant de la vallée située entre le Haut-Atlas et l’anti-Atlas au sud du Maroc. La rivière est d’une superficie de 3960 Km2.
La nappe phréatique est d’une valeur de 50 milliards de mètres cubes dont 8 milliards mètres cubes disponibles à l’exploitation par pompage.
Une démographie très importante de 90 personnes par km2 et 60 personnes par km2 à la campagne.
Les ressources qu’offre l’environnement de la vallée du Souss donnent une idée pour le développement agricole de cette rivière. Mais le système d’irrigation par pompage d’une agriculture des agrumes basée sur l’exportation vers l’Europe depuis les années quarante du vingtième siècle et l’accélération de ce système vers un sur-pompage pendant les années soixante, provoquent les déséquilibres sociaux au niveau de l’exploitation des ressources naturelles de la vallée.

Dégradation de la forêt d'arganier
 Le 8 décembre 1998, l’Arganeraie a été déclarée par l’UNESCO première Réserve de Biosphère du Maroc sur une superficie de 2,5 millions d’hectares environ.
Voir les liens suivants :
L’arganier a de multiples utilisations qui sont autant de sources de revenu :
- L’alimentation du cheptel (bovins, caprins et camelins), le bois utilisé en menuiserie, en cuisine traditionnelle (fours) et en chauffages et l’huile, à double usage, alimentaire et cosmétique.
La fabrication de l’huile est réalisée par les femmes, entièrement manuellement, depuis la collecte, le concassage des fruits, le grillage et  Le broyage des amandes jusqu’au malaxage de la pâte dans un moulin en pierre. Des coopératives sont constituées aujourd'hui partout dans les régions de Taroudant, elles utilisent des machines d'extraction mais, la femme reste toujours exploiter soit par des hommes qui dirigent ses coopératives, soit par des médiateurs des marchés d'huile d'argan.
- La fabrication d’un litre d’huile par une femme demande au moins 16 heures, ce qui montre l’exploitation de la femme paysanne pour un revenu de 5 à 7 euros.
- Les forêts d’arganier couvrent 400 000 ha dans la région  de Taroudant, soit 56 % de l’arganerie nationale. Elles occupent  74 % de la superficie forestière totale de la province
- Taroudant produit 1830 tonnes d’huile d’argan par an, soit 53% de la production nationale.
- Le revenu brut procuré par l’arganier est de 3,6 milliards de dh/an, soit 860 dh/ha/an, correspondant à plus de 2,2 millions de journées de travail.
- Le classement de l’arganeraie en «réserve de la biosphère», la réorganisation de la recherche sur l’arganeraie et ses produits et l’utilisation des moyens modernes peuvent faire de l’arganeraie l’axe essentiel du développement à Taroudant.
la catastrophe menace le Souss
La destruction de la forêt d’arganier dans la plaine du Souss par l’implantation des agrumes et le sur-pompage d’une part et la mal-production de ses ressources par les paysans dans les montagnes du haut et anti atlas d’autre part provoque la dégradation du développement de la vallée.
Depuis l’an 2000 les grands propriétaires immobiliers au Souss ont mené une guerre farouche contre les terres collectives des petits paysans dans la pleine (essentiellement à Berhil et Aoulouz). Les forêts d’arganier sont très touchées de cette politique du « le plan Maroc vert » qui a encouragé le rasage des milliers d’hectares de l’arganier en faveur des plantes d’agrumes.
Un hectare d’agrume consomme 4500 mètres cubes d’eau par an, 25 fois plus que la consommassions d’un hectare d’arganier. Sans oublier le rôle de l’arganerie dans l’équilibre de l’atmosphère et le cycle de l’eau dans une région semi-aride. C’est ce qui explique la baisse du niveau de la nappe phréatique jusque au niveau de l’océan atlantique (El Guerdan et Chtouka). La plus grande catastrophe nous alerte à l’accélération de sur-pompage, celle où l’océan  attaque le Souss, c’est la fin de la vie de la pleine.
Les études faites par des spécialistes de PNUD et de la FAO pendant les années 1970 envisageaient le drame que vit la région d’Aoulouz aujourd’hui et le rôle des deux barrages pour améliorer l’irrigation dans la vallée.
Le séisme d’Agadir et les spéculations immobilières
 Les terres de Guessima et Mesguina à Agadir ont subi des violations massives par le colonialisme, cette politique a été renouvelée depuis 1956, et accentuée après le séisme d’Agadir en 1960. Ce drame a été exploité par l’État pour éliminer le monument de la documentation à Agadir et liciter les terres paysannes à la mafia immobilière, à travers les sociétés immobilières privées soutenues par les autorités de la Wilaya, l’inspection régionale de l’habitat et de l’aménagement, les municipalités et l’agence de la conservation foncière à Agadir. A travers la spéculation et la location foncière, les spéculateurs fonciers étrangers et marocains violent les terres de Guessima et Mesguina qui couvrent, suite à la dit décision administrative (forestière et collective), plus de 80 000 hectares. Aujourd’hui l’État essaie de fabriquer un acte de propriété foncière sans aucune base légitime en jetant ailleurs les droits légitimes des paysans.
Positions du syndicat paysan
Le syndicat national des petits paysans et professionnels forestiers déclare :
- Nos dénonciations et condamnations des abus, répressions, détentions, procès simulés et emprisonnements de petits et pauvres paysans, professionnels forestiers et ouvriers agricoles, qui visent la confiscation de leur droit à la terre, à l’eau et aux ressources naturelles.
- Nos dénonciations et condamnations de la mafia immobilière au Souss en général et à Agadir en particulier, qui occupe les terres de Guessima et Mesguina à travers la spéculation immobilière soutenue par la Wilaya de Souss Massat, l’inspection régionale de l’habitat et de l’aménagement, les municipalités et l’agence de la conservation foncière à Agadir.
- Notre solidarité inconditionnelle avec tous les petits et pauvres paysans, professionnels forestiers et ouvriers agricoles opprimés au Souss, que l’État est chargé de la responsabilité des violations de leurs droits légitimes.
- Notre rejet de lois de la classe coloniale et l’exploitation de la Wilaya par les  dits représentants de communautés pour l’intérêt des spéculateurs fonciers, en exigeant de l’État de créer des lois convenables à la propriété collective et qui assurent le droit au développement, au travail et au logement adéquat en faveur des petits et pauvres paysans, professionnels forestiers et ouvriers agricoles.
- Notre exigence à l’État d’ouvrir des négociations avec notre syndicat sur la situation des terres de Guessima et Mesguina par une voie démocratique pour rendre justice aux légitimes propriétaires. Et, limiter les spéculations immobilières d’une façon à assurer le développement, comme l’indiquent les lois internationales.
- Notre préparation et la charge à la lutte continue pour la récupération de droits des paysans de Guessima et Mesguina par toute voie de lutte légitime.
- Nous appelons les petits et pauvres paysans, professionnels forestiers et ouvriers agricoles à participer au programme de la lutte de notre syndicat sur la question des terres collectives, qui couvrent presque 20 millions d'hectares.




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

إلى العمال والفلاحين