mardi 3 novembre 2020

Plainte des nomades contre le gouvernement du Maroc


Union Marocain du Travail

Syndicat National des Petits Paysans et Professionnels Forestiers

Bureau National

Plainte à messieurs:

Le Secrétaire Général des Nations Unies

Le Secrétaire Général du Comité des Droits de l'Homme des Nations Unies

Le Secrétaire Général de l'Organisation Internationale du Travail

Le Secrétaire Général de l'Union Marocaine du Travail

Le président d’Instance des barreaux du Maroc

Le Procureur Général du Roi, Chef du Paquet Général à Rabat

Contre

Le Chef du Gouvernement du Maroc

Le Ministre de l'Intérieur

Le Ministre de l'Agriculture, de la Pêche maritime, des Eaux et Forêts et du Développement Rural

 

Nous avons l'honneur de vous informer que les nomades au Maroc vivent dans des conditions critiques à cause de la sécheresse, la pandémie et la répression systématique pratiquée par les autorités. Ils sont empêchés de se déplacer à la recherche de pâturages et d'eau. Du fait de ces conditions difficiles qu'ils ont vécues tout au long des années 2019 et 2020, leurs souffrances se sont multipliées.

Lors de leur rencontre nationale organisée le 21 septembre 2019 à Tinghir, les nomades ont étudié la loi 113.13 concernant le pâturage. Ce document était jugé incompatible avec tous les pactes internationaux, y compris les recommandations de la FAO des Nations Unies, concernant le droit à l'environnement et au développement rural. Ce droit des populations d'acquérir des terres est la base de tout programme de développement que l'État doit mettre en œuvre au monde rural.

La répression quotidiennes qui les a touchés pendant deux années consécutives au nom de l'application illégale et inconstitutionnelle de la loi 113.13, a eu un impact sur la vie matérielle et morale de leurs familles, les plongeant dans des situations psychologiques profondément troublées, en particulier concernant les femmes et les enfants, touchés par les pratiques répressives des autorités et de la gendarmerie dans des zones montagneuses désertes isolées du monde, en l'absence de pères nomades errant sur les marchés à la recherche d'acheteurs de leur bétail à bas prix.

Ils sont privés de leurs droits fondamentaux : le droit à la santé, à l'éducation et au logement, à la sécurité, à la liberté, et à la vie au moment des accouchements. Les femmes et les enfants, victimes de la violence des autorités, voient leurs troupeaux exposés aux vols et à la destruction, causant d'énormes pertes matérielles en raison de l'attaque mortelle de leur bétail par des chiens errants dans les montagnes.

Ils ne bénéficient pas du soutien de l'État, malgré la spectaculaire distribution de millions de tonnes d'orge subventionnée annoncée à travers les médias. En réalité, les nomades privés de ce soutien l'achètent avec leur argent à des prix élevés sur les marchés à des négociants spéculateurs, dépensant l'argent qu'ils ont obtenu en vendant leur bétail à bas prix aux commerçants sur les marchés hebdomadaires.

Tout cela, sans oublier l’exploitation de leur sueur et leur sang par ces riches grands propriétaires qui bénéficient des générosités de l'État. Un “soutien” destiné à leurs stations d’emballages qui atteint de 120 à 170 millions de dirhams chacun (12 à 17 millions de dollars), sur le compte des biens publics. Cette exploitation bénéficie aux riches propriétaires : membres de la famille royale, officiers supérieurs de la gendarmerie, des militaires et de la police, ministres, députés, maires des villes, PGD des grandes sociétés, les survivances de la féodalité, investisseurs capitalistes de la bourgeoisie française, espagnole, saoudiens, émiratis, qataris et autres profiteurs.

C'est l'exploitation des terres des paysans pauvres sur lesquelles ils ont implanté leurs domaines agricoles, profitant d’énormes soutiens financiers à travers le dit « Planning Maroc Vert ». Ils sont même exonérés de charges financières pour l'électricité et l'eau d'irrigation, pour pouvoir fournir les oranges et les tomates à la bourgeoisie européenne !

Pendant deux ans, en manipulant la loi 113.13, le ministère de l’agriculture a occupé les terres pastorales dans le sud et au Sahara. Les regroupements des paysans dans les montagnes de l’Anti-Atlas et les plaines de Souss-Massa sont pillés ainsi que leurs pâturages. Les nomades sans cesse réprimés par les autorités sont obligés de traverser les terres des paysans, ce qui provoque des conflits entre eux, parfois sanglants. Ces conflits sont enflammés par les représentants des partis politiques de la majorité et leurs membres dans les communes rurales. Voilà une autre façon de chasser les nomades et les priver de leur droit au pâturage !

Un an après la mise en place du comité national des nomades qui n'a connu que des souffrances, deux manifestations ont été organisées par les représentants de toutes les régions du Maroc, le mercredi 28 octobre 2020, devant la wilaya de Souss-Massa et le Bureau régional d’investissements agricoles à Agadir . Leur rencontre destinée à discuter leur situation critique, a été organisée le même jour au siège de l’Union Marocain du Travail (UMT) à Agadir, pour mettre en place un programme de lutte pour leurs droits légitimes, après la reconstruction de leur comité national qui s'articule autour des revendications suivantes :

1- Mettre en place un recensement des pertes matérielles des nomades par les Ministères de l'Intérieur et de l'Agriculture, du 20 mars 2020 à aujourd'hui, et indemniser les personnes touchées dans les plus brefs délais, sachant que leur Comité National a constitué un dossier de ces pertes pour les défendre par toutes les formes de lutte légitimes.

2- Exiger la levée du siège des nomades dans toutes les zones assiégées, les deux ministères supportant toutes les pertes qui résulteront de l' empêchement de se déplacer vers les zones de Dakhla et Laâyoune où le pâturage est disponible.

3- Exiger l'arrêt des autorisations de déplacement depuis les autres régions vers les régions de Dakhla, Laayoune et d'autres zones où des pâturages sont disponibles, afin d'éviter la mort des troupeaux du fait de manque de nourriture et d' eau, et d'autres régions où la saison de culture a commencé.

4- Exiger le soutien de l'Etat, la fourniture d'orge, de médicaments et d'eau, et la surveillance du marché pour les protéger des commerçants spéculateurs.

5- Exiger l’arrêt de la manipulation de la loi 113.13 qui viole leurs droits naturels et historiques, en particulier leur droit d'acquérir des terres en tant que petits investisseurs. Et la protection de leur droit à l’accès à leurs terres pastorales que les grands propriétaires immobiliers leur ont soutirées.

Depuis le premier novembre 2020, plus de 270 camions chargés de leurs bétails sont bloqués entre les régions de Tiznt et Boujdour



suite à la décision du Gouvernement du Maroc. Qui les a empêchés de gagner les pâturages de Dakhla pour sauver leurs bétails, qui sont dans une situation critique. Chaque jour qui passe, ils comptent des nombres importants de perte de chèvres et chevreaux qui meurent de faim et de soif.

Il est à noter que ces cinq points sont urgents et indispensables pour lever le siège sur eux avant fin octobre 2020, et ainsi ouvrir le dialogue avec leur comité national sur le dossier de revendications globales.

Toutes ces pratiques répressives à l'encontre des petits paysans et des professionnels forestiers et de leur syndicat visent à faciliter l'exploitation de leurs terres et forêts par de grands propriétaires fonciers appuyés par le Ministre de l'Intérieur et le Ministre de l'Agriculture et des Eaux et Forêts avec le soutien des partis politiques au pouvoir.

Vous ayant aussi présenté les points les plus importants de notre dossier, nous vous demandons de mener une enquête impartiale sur celui-ci afin de protéger les droits des petits paysans et des professionnels forestiers et de leur syndicat.

Agadir le 03 novembre 2020

Secrétaire Général

Lahoucine Amal 


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