Union Marocaine
du Travail
Syndicat
National des Petits Paysans et Employés Forestiers
Région du Souss Massat Drâa
Lotissement Monir Taflagt Taroudant
Bureau Syndical
Régional
Association
Tafarzazte
d’usagers
d'eau spécifique aux agriculteurs Aoulouz
Conseil administratif
A
Monsieur l’ambassadeur
de l’Allemagne au Maroc Rabat
Revendication
contre le projet G1 d’Aoulouz
soutenu par l’Etat
allemand
Nous
avons l'honneur de vous écrire, Monsieur l’ambassadeur, à propos du projet G1
(irrigation par goutte à
goutte) d’Aoulouz
qui est un projet de votre Etat.
Ce projet n'est
pas adapté à la situation des terres et
des cultures des petit(e)s paysan(ne)s et paysan(ne)s pauvres. L'irrigation par
canaux bien modernes est la seule façon de développer les récoltes dans des
terres couvertes d'olivier. Les grands propriétaires féodaux qui ont des terres
(bour) sont les seuls qui vont bénéficier de ce projet, contre les intérêts des
petit(e)s paysan(ne)s et paysan(ne)s pauvres qui ne peuvent pas payer l'eau d'irrigation.
L'objectif des féodaux est d’exploiter l'eau dans un premier temps et d'arriver
dans l'avenir à chasser les paysan(ne)s pauvres de leurs terres pour les
transformer en ouvriers agricoles exploités dans les domaines des grands
propriétaires.
Les paysan(ne)s
pauvres d’Aoulouz souffrent des survivances du féodalisme qui continue
d’exploiter les terres, l'eau et les hommes en l'absence quasi-totale de
réaction des autorités, depuis la construction du barrage d’Aoulouz à la fin
des années 80. De nombreuses sources au pied du barrage sont épuisées, seules
en subsistent trois, qui bénéficient de fuites du barrage. La source Tafarzazat
alimente douze douars, dont les plus importants sont Zaouiat Si Korchi,
Targant, Timelt et Tazmourt, le plus proche du centre d’Aoulouz.
La souffrance des paysans pauvres a commencé après la construction du barrage, qui a provoqué l’assèchement de la Saguia de Taboumahaout, la plus proche de la Saguia de Tafarzazat.
La souffrance des paysans pauvres a commencé après la construction du barrage, qui a provoqué l’assèchement de la Saguia de Taboumahaout, la plus proche de la Saguia de Tafarzazat.
Afin de sortir
de ce pétrin, le Bureau régional du développement agricole a créé en 2001 une association
d’usagers d'eau spécifique aux agriculteurs du secteur d’Aoulouz pour gérer la
crise, dans un climat de terreur à l’encontre des paysans pauvres de la Saguia
de Tafarzazat, qui ont refusé de rejoindre cette association.
À ce moment-là,
les Forces auxiliaires ont encerclé le siège de la commune pour interdire toute
expression de refus, réprimer toute dissidence et prévenir un soulèvement.
Cette
association n’était pas destinée à tout le monde : les nouveaux féodaux lui ont
mis le grappin dessus, empêchant les pauvres d’utiliser cette eau pour
l’irrigation. Cela a poussé certains paysans à se tourner vers la justice pour
obtenir réparation. La masse des paysans pauvres a attendu les résultats de la
procédure judiciaire.
Dans les
premières années d’existence de l’association, on trouvait normal l'usage de
l'eau malgré la somme demandée, soit 15 Dirhams de l’heure, sachant qu'il y a 8
débits des trois sources toutes les 24 heures, et cela toute l’année. Soit 2500
dirhams par jour, environ 100 millions de centimes chaque année ?
Depuis 5 ans,
les paysan(ne)s de la Saguia de Tafarzazat souffrent de l’injustice à leur
encontre, à cause de leurs opinions politiques. Le maire les a punis pour leurs
positions lors des élections de 2003, les privant de l'eau de la Saguia, la
détournant vers la Saguia de Taboumahaout, soutenu par ses alliés. Un sommet a été atteint au cours de la
saison agricole 2007/2008, lorsque le maire a refusé le droit naturel à l'eau
pour l'irrigation, provoquant l’assèchement des récoltes. Ne pouvant plus
récolter un seul grain de blé ni une seule olive – et leurs oliviers menacés de
mourir – il ne restait plus aux paysan(ne)s qu’à se soulever contre le
féodalisme. C’est alors, en mars 2008, qu’ils ont rejoint le syndicat agricole
d’Aoulouz, après avoir épuisé les tentatives de dialogue avec le maire, les
autorités se montrant incapables de trouver une solution équitable, face au
poids du féodalisme.
L’UMT a ouvert
un dialogue avec les autorités de Taroudant en présence de représentants du
Ministère de l'Agriculture et de l’Équipement et de l’Agence de l’Eau du Sous
Massa-Drâa. 8 mois de discussions n’ont abouti à rien.
Un jugement a
condamné l’Association d’usagers à verser 1,17 millions de dirhams aux paysan(ne)s
victimes de privations d’eau et à la saisie de ses biens, dont son compte
bancaire, sur lequel se trouvaient seulement 40 mille dirhams.
Face à la
faillite de l’association, son président – le maire-adjoint et frère du maire –
a convoqué une assemblée générale le 22 Juin 2008 pour renouveler la direction,
afin de donner une légitimité aux violations subies par l’association.
Le syndicat des
paysan(ne)s d'Aoulouz a organisé plusieurs manifestations contre le maire
d’Aoulouz et son frère le président de l'association, la première devant la
sous-préfecture le 9 avril 2008, puis une journée de solidarité avec les paysan(ne)s
de Tafarzazat le 18 Mai 2008, à laquelle ont participé plusieurs journalistes,
l'Association marocaine des droits de l'homme et des partis politiques, qui ont
pu voir de leurs propres yeux la souffrance des paysans de Tafarzazat. La
manifestation suivante a eu lieu le 22 Juin devant la mairie, durant
l’assemblée générale fantoche convoquée par le président, où les paysan(ne)s se
sont retirés de l’association.
L’association a
encaissé en 8 ans environ 700 millions de centimes, dont seuls 40 ont été
investis dans un pressoir à olives. Le reste s’est envolé. Dans les
attributions d’eau des utilisateurs, le président a favorisé, de ses amis, qui
ne sont même pas des paysan(ne)s.
Malgré tout
cela, le président de l’association a été reconduit dans ses fonctions par les
autorités.
Les paysans
pauvres de Tafarzazat ont alors créé leur propre association pour l’eau et
l’irrigation. Ils en ont informé les autorités, le bureau régional du
développement agricole, les services de l’Équipement et l’Agence de l’eau
régionale. Mais ils n’ont pas obtenu le reçu de dépôt de leur association.
L’UMT a alors engagé des discussions avec les autorités pendant deux mois.
Conclusion : la faillite de l’association d’usagers a été constatée, il faut la
dissoudre et créer trois associations, une par Saguia. Le mois de septembre 2008 a été choisi pour
mettre en œuvre cette décision. Les autorités d’Aoulouz et les responsables des
trois services gouvernementaux n’ont rien pu faire face aux féodaux. Le
syndicat a donc engagé un dialogue direct avec la province de Taroudant, tandis
qu’à l’extérieur, 36 paysans faisaient un sit-in le 11 septembre. Leurs
délégués syndicaux ont été reçus à plusieurs reprises par le chef de cabinet du
gouverneur, demandant que celui-ci prenne un arrêté de dissolution de
l’association fantoche.
Lors de la
dernière réunion le 23 octobre 2008, la province a promis une date de rencontre
pour la semaine suivante. Puis plus rien. Comme on était au début de la
nouvelle année agricole, les paysan(ne)s, déjà stressés, éprouvaient une grande
angoisse, entretenue par les menaces de la milice à la solde du président, qui a
dressé une liste de paysan(ne)s contre lesquels engager des poursuites
judiciaires. En tête de cette liste, Mohamed Zorrit, injustement accusé de
voler de l'eau de la Saguia Taboumahaout. Il a été arrêté à Taroudant le 14
Juillet 2008, il a passé 10 jours en prison puis il a été relaxé, après que son
innocence a été prouvée.
Cet acte
répressif a semé la terreur chez les paysan(ne)s de Tafarzazat, ce qui a
enflammé la situation. Il ne leur restait plus qu’à exprimer leur colère. Ils
ont donc tenu un sit-in devant la province de Taroudant le 4 novembre 2008,
soutenus par l'Association marocaine des droits de l'homme, les syndicats, les
partis politiques et les militants. 60 paysan(ne)s ont passé une nuit froide
devant la province, demandant à être reçus par le gouverneur, qui les a enfin
reçus le 5 novembre à 13 heures. Ils ont exposé leurs problèmes et leurs
revendications. La date du 20 novembre été convenue pour régler le différend
entre les paysan(ne)s de Tafarzazat et le président de l’association d’usagers
de l’eau.
Leur seule
revendication était de pouvoir être indépendants de cette association en
faillite et de pouvoir gérer leurs affaires eux-mêmes à travers leur propre
association.
En janvier 2009
ils ont constitué leur propre association qui gère jusqu'à maintenant
l'irrigation de leurs terres. Les autorités refusent jusqu'à maintenant d’accorder
le reçu de dépôt de son dossier, ce qui est contraire aux droits humains.
En décembre 2011
les autorités provinciales de Taroudannt et le Bureau régional du développement
agricole ont dissout l'association d'Aoulouz d'une façon illégale sans compte
rendu moral et financier ni prise en
considération de l'avis des paysan(ne)s, en plus ; ils ont décidé de
constituer une autre association à la Sagua de Taferzazte d'une façon bureaucratique
le 16 avril 2013 sachant que les paysan(ne)s de Taferzazte ont déjà leur
propre association, tout cela pour soutenir les féodaux d'Aoulouz contre les
paysan(ne)s.
Pour cela nous
déclarons nos revendications :
- Nous
sommes contre le projet G1 qui n'est pas adapté à la situation des terres des
petit(e)s paysan(ne)s et paysan(ne)s pauvres d'Aoulouz et leurs cultures basées
sur les récoltes de l’olivier.
- Nous dénonçons
la violation du droit des petit(e)s paysan(ne)s et paysan(ne)s pauvres a utiliser
leur propre association constituée depuis 2009 et qui a géré l'irrigation à Taferzazte depuis sa création jusqu'à maintenant.
- Nous appelons l'Etat allemand à ne pas être inclus dans ce conflit
contre les droits des petit(e)s paysan(ne)s et paysan(ne)s pauvres.
- Nous appelons l'état allemand à soutenir les revendications des
petit(e)s paysan(ne)s et paysan(ne)s pauvres.
Taroudant le : 02 avril 2013
Bureau Syndical Régional
Conseil Administratif de L'association
Conseil Administratif de L'association