Source : https://terriermichel.wordpress.com/2014/03/30/le-drain-de-freija-un-ouvrage-dirrigation-dun-grand-interet-historique-pres-de-taroudant/
Vue de la sortie :
Quelques vues du canal (tête morte)
Nous étions invités hier par Mohamed El Mokhtar Ghalib à visiter un
ouvrage d’irrigation construit de 1938 à 1951 destiné à
l’approvisionnement en eau de la ville de Taroudant : le drain de
Freija.
Les drains :
Il en existe deux sortes: les traditionnels et les modernes. Les drains traditionnels sont nombreux dans le bassin de Souss, beaucoup d’entres eux tarissent par effondrement ou épuisement de la nappe et sont abandonnés. Ces drains ou "khettara" (ouvrage hydraulique qui permet le captage des eaux souterraines avec une galerie conductrice qui minimise les pertes par évaporation) ont en général un débits faible : un à quelques litres par seconde. Pour leur majorité, les khettara sont groupées dans la région d’Ouled Berrehil au nord et au sud des collines formant le pli d’Igouder, à Ouled Teïma, à Ouled Aïssa et surtout à Aoulouz. Parmi les drains modernes, on a surtout "Le drain des dunes" qui a longuement alimenté la ville d’Agadir en eau potable; et le drain de Freija dont la longueur totale dépasse 4 km, construit de 1939 à 1946 par les services des Travaux Publics dans le remplissage alluvionnaire d’un lit fossile au nord du lit actuel du Souss, son débit variait de 500 à 1200 l/s.
Il en existe deux sortes: les traditionnels et les modernes. Les drains traditionnels sont nombreux dans le bassin de Souss, beaucoup d’entres eux tarissent par effondrement ou épuisement de la nappe et sont abandonnés. Ces drains ou "khettara" (ouvrage hydraulique qui permet le captage des eaux souterraines avec une galerie conductrice qui minimise les pertes par évaporation) ont en général un débits faible : un à quelques litres par seconde. Pour leur majorité, les khettara sont groupées dans la région d’Ouled Berrehil au nord et au sud des collines formant le pli d’Igouder, à Ouled Teïma, à Ouled Aïssa et surtout à Aoulouz. Parmi les drains modernes, on a surtout "Le drain des dunes" qui a longuement alimenté la ville d’Agadir en eau potable; et le drain de Freija dont la longueur totale dépasse 4 km, construit de 1939 à 1946 par les services des Travaux Publics dans le remplissage alluvionnaire d’un lit fossile au nord du lit actuel du Souss, son débit variait de 500 à 1200 l/s.
Le drain de Freija :
Le drain de Freija est dû à M. Philippe Ambroggi, une sommité de l’hydrogéologie du Maroc, qui fut ancien fonctionnaire auprès des Nations Unies, membre de l’Académie du Royaume du Maroc et conseiller de Sa Majesté le Roi Hassan II en matière d’eau et de géologie en général.
.Le drain de Freija est dû à M. Philippe Ambroggi, une sommité de l’hydrogéologie du Maroc, qui fut ancien fonctionnaire auprès des Nations Unies, membre de l’Académie du Royaume du Maroc et conseiller de Sa Majesté le Roi Hassan II en matière d’eau et de géologie en général.
Extrait du document "Relations entre les débits du drain de Freija et les crues de l’oued Souss de Robert Dijon (En
1968, Robert Dijon a achevé une thèse d’Etat sur l’hydrogéologie et
l’inventaire des ressources en eau de la vallée du Souss. Il a
minutieusement étudié les caractéristiques hydrogéologiques des
aquifères de la plaine du Souss, le régime de la nappe phréatique, son
hydrochimie etc… Son travail constitue une référence majeure pour les
travaux relevant de l’hydrogéologie de la plaine du Souss).
RÉSUMÉ
Le drain de Freija mis en service en 1946 est disposé sous une terrasse basse du niveau 3-5 mètres de la rive droite de l’Oued Souss, à une dizaine de kilomètres en amont de la ville de Taroudannt, dont il irrigue les olivaies et les jardins (d’une superficie de 2.000 hectares environ).C’est une «foggara» (au Maghreb et au Sahara, conduite d’irrigation souterraine) de construction moderne dont la longueur en souterrain est de l’ordre de deux kilomètres.Son débit varie de 500 à 1300 litres par seconde environ, en rapport avec les crues qui se produisent dans le lit de l’Oued Souss.
La ville de Taroudannt, ancienne capitale du Sud Marocain est située à 80 kilomètres à l’Est d’Agadir. L’Oued Souss, principal fleuve de la région, étale son large lit deux kilomètres environ au Sud de Taroudannt. Ce lit, sec la majeure partie de l’année, connaît des crues parfois très violentes. Entre l’Oued et la ville s’étendent, sur une superficie de trois mille hectares environ, des olivaies et des jardins.
Ce périmètre était irrigué autrefois à partir de tranchées drainantes pratiquées dans le lit de l’Oued Souss, ouvrages provisoires au débit souvent faible et toujours irrégulier — qu’il fallait rétablir après chaque crue.C’est pourquoi, en 1937, l’Administration des Travaux Publics établit un projet de drain moderne destiné à capter dans les alluvions du Souss, à l’amont de Taroudannt un débit de 2 m3/seconde.
La construction de l’ouvrage interrompue par la guerre, permit d’obtenir le tiers environ du débit escompté.
1. Historique1.1. Travaux 1938-40
La première tranche du drain fut réalisée de 1938 à 1940.A 10 kilomètres à l’Est de Taroudannt, sur la rive droite du Souss (lit majeur) la partie aval de l’ouvrage actuel, jusqu’au regard IV, fut construite, en fouilles ouvertes.De l’aval vers l’amont :
- Le tracé restait au départ parallèle au cours de l’oued, et perpendiculaire aux courbes de niveau phréatique, jusqu’au regard III.- Du regard I une première branche drainante s’orientait vers le Sud-est sous les alluvions et transversalement au lit de l’Oued Souss jusqu’au regard II situé sur la rive gauche; 700 mètres environ à l’Est du village de Freija.- Du regard III une deuxième branche orientée perpendiculairement au canal du drain, c’est-à-dire vers le Nord, était enfin construite, jusqu’au regard IV.La construction était ainsi terminée en janvier 1940 car il n’était pas possible de poursuivre l’ouvrage en fouille ouverte au delà du regard IV, et les moyens disponibles sur place à ce moment, ne permettaient pas de continuer en souterrain.
1.2. Travaux effectués en 1947-1951
Les jaugeages effectués dans le drain permirent d’établir que la majeure partie du débit de 500 à 600 1/sec. venait de la branche III-IV. En 1946 il fut donc décidé de prolonger l’ouvrage en travaux souterrains à partir du regard IV et de l’orienter de manière à recouper les courbes phréatiques à 45°; on espérait obtenir ainsi un débit de 1.000 1/sec.La galerie put être prolongée jusqu’au regard IX grâce à l’exécution de puits filtrants et le pompage des eaux venant du front d’attaque; Mais l’exécution de sondages de reconnaissance dans l’alignement du tracé, jusqu’au douar Oulad mharza, permit de reconnaître (puits 690 et 691) l’existence de terrains imperméables. Il n’y avait donc pas lieu de poursuivre la galerie. Une campagne de géophysique par prospection électrique fut alors effectuée. Elle révéla l’existence, sous les terrasses de la rive droite, d’un lit alluvionnaire fossile, nettement distinct du lit alluvionnaire actuel, surélevé par rapport à celui-ci, et que la galerie n’était donc pas susceptible d’atteindre si elle était poursuivie dans la même direction.Les sondages d’essai : 696 – actuellement aménagé en station de pompage des Aït Yazza (débit : 160 I/sec. pour 0,60 m de rabattement) -, 692 et 740, donnèrent de bons résultats.La galerie fut donc poursuivie à partir du regard IX dans le lit fossile, jusqu’au regard XIII. Mais ces travaux longs et coûteux ne permirent pas d’augmenter notablement le débit du drain.
2. Description de l’ouvrage2.1. Première tranche : 1938-40
Elle comprend :- une tête morte à ciel ouvert, longue de 1.800 mètres de la sortie du drain à l’air libre jusqu’au partiteur.- une galerie : longueur totale 2.965 mètres dont :- branche principale de la sortie au regard III : longueur 1.510 m, direction 66°, étanche sur les 493 premiers mètres et drainante au delà;- branche «d’oued» entre le regard I situé à 1.010 m en amont de la sortie et le regard II; longueur 847 m; direction 124" Est;- «branche amont» du regard III au regard IV : Longueur 608 m ; orientation : 14° Ouest.Le revêtement est constitué d’anneaux circulaires en béton armé de 2 mètres de diamètre intérieur et de 0,50 m de longueur.La pente du radier est de 0,2.10-3. Les débits pouvant circuler dans le drain sont donc de l’ordre de :950 1/sec. pour 1 mètre d’eau,600 1/sec. pour 0,80 mètre d’eau,325 1/sec. pour 0,60 mètre d’eau,150 1/sec. pour 0,40 mètre d’eau.2.2. Deuxième tranche : 1947-51
- Du regard IV au regard IX le tracé long de 447 m, est orienté à 11° Est.- Du regard IX au regard XIII le tracé est long de 800 mètres dans la direction 64° Est.La pente du radier de l’ouvrage est uniforme : 0,5.10-3.Le revêtement est formé d’éléments préfabriqués en béton armé : cunettes, et voussoirs longs de 0,40 m.La hauteur intérieure de la clef est de 1,90 m : la largeur maximum de 1,30 m; la section utile de 1,85 m.Dans son état actuel cet ouvrage est unique au Maroc par son développement ; son débit, de l’ordre de 600 1/sec., constitue l’écoulement pérenne de surface le plus important de la partie amont et moyenne de la vallée du Souss.L’implantation de deux autres ouvrages analogues a été étudiée dans la région. Les travaux n’ont pas été entrepris en raison des conditions d’exécution moins favorables et du coût très élevé des travaux.
Assèchement du drain de Freija :
La baisse continue du niveau de la nappe du Souss en raison de la surexploitation par puits et forages et du déficit d’alimentation engendré par la succession d’années de sécheresse s’est traduite par l’assèchement progressif des résurgences, des sources et des Khettaras. Actuellement, la contribution de la nappe dans le débit de base de l’Oued Souss est négligeable alors qu’elle était importante durant la période 1950 – 1970. L’exemple du drain de Freija, qui s’est asséché depuis les années 80, illustre bien ce phénomène.
La baisse continue du niveau de la nappe du Souss en raison de la surexploitation par puits et forages et du déficit d’alimentation engendré par la succession d’années de sécheresse s’est traduite par l’assèchement progressif des résurgences, des sources et des Khettaras. Actuellement, la contribution de la nappe dans le débit de base de l’Oued Souss est négligeable alors qu’elle était importante durant la période 1950 – 1970. L’exemple du drain de Freija, qui s’est asséché depuis les années 80, illustre bien ce phénomène.
Le drain de Freija maintenant :
Situation de la tête morte (canal non drainant à l’air libre entre la sortie du drain souterrain et le répartiteur vers les séguias)
Situation de la tête morte (canal non drainant à l’air libre entre la sortie du drain souterrain et le répartiteur vers les séguias)
Vue de la sortie :
Quelques vues du canal (tête morte)
Le répartiteur qui servait à alimenter 4 séguias :
Le départ des séguias :
Une des séguias qui est maintenant alimentée par de l’eau de pompage :
L’un des buts de la création du barrage
d’Aoulouz situé en amont était d’alimenter artificiellement la nappe
phréatique pour permettre de réutiliser ce drain, ce qui n’a pas été
fait.
Malheureusement, cet ouvrage
considérable qui a rendu des services énormes à la ville de Taroudant
pendant de nombreuses années est maintenant laissé à l’abandon complet
alors qu’il devrait faire partie du patrimoine hydrogéologique du Maroc.
Il serait encore temps de procéder à
son nettoyage et à l’aménagement de ses abords pour en faire une
promenade et un lieu attractif d’intérêt scientifique et historique.
.
Nous avons également eu le plaisir, au cours
de la journée, de visiter l’oliveraie de Mohamed El Mokhtar Ghalib qui
compte de magnifiques spécimens de plus de 500 ans : là aussi, c’est un
patrimoine qu’il y a lieu de conserver !