mercredi 16 janvier 2019

L’évolution de l’organisation des paysans pauvres au Maroc


De la lutte spontanée à l’organisation syndicale
Après cinq ans de lutte paysanne spontanée au barrage Aoulouz les paysans pauvres ont accès à l’organisation, l’association paysanne Ifgheln est fondée le 27 avril 1997.  Ils ont lutté trois ans pour le droit à l’organisation, et en mars 2000 l’association a eu son reçu de dépôt.
La première activité publique de l’association fut l’organisation de la conférence encadrée par Le militant Abraham Serfaty à la salle des conférences de la commune d’Aoulouz avec la participation de 14 associations. Les débats étaient riches, et le conférencier a découvert que le mouvement a connu une évolution remarquable. A la fin de cette activité, il a établi les premières bases de la lutte paysanne au Souss : le droit à la terre, à l’eau, à la protection de l’arganier et au développement de l’amazighité. Au cours de ses discussions internes avec les paysans Abraham Serfaty a proposé la fondation du syndicat paysan.
Le premier bureau syndical paysan est fondé à la fin de la deuxième conférence encadrée par des militants du syndicat UMT de Taroudant, le 23 mars 2002 à Aoulouz.
Le syndicat paysan a écrasé la marginalisation qui régnait dans la région depuis un demi-siècle, les paysans pauvres se positionnent contre les intérêts des survivances du féodalisme. Ils ont développé de mieux en mieux leurs méthodes d'organisation à mesure qu’ils ont pris davantage conscience.
Les affirmations de la conférence ont ouvert une issue plus large au mouvement des paysans pauvres, l’ampleur se développant au niveau de la rivière de Souss.
L’ampleur du mouvement au niveau national
La conférence organisée par l’association Fous G Fous à Ait Bouayach à côté d’Al Hoceima, encadrée par le militant Lahoucine Amal le 08 aout 2008 a complété les bases de la lutte paysanne affirmées à Aoulouz, reliant la lutte paysanne du Nord à celle du Sud.
Si l’arganier est la caractéristique des ressources forestières au Sud, le cannabis est à la base de la lutte paysanne au Nord.
La confirmation des bases du mouvement paysan au cours de cette conférence a fondé les bases théoriques de la lutte syndicale paysanne et a solidifié son saut qualitatif au niveau national.
Les jeunes militants d’Al Hoceima ont renforcé l’évolution de ce mouvement en luttant dans l’esprit du martyr Kamal El Hassani assassiné le 27 octobre 2011. L’un des jeunes leadeurs militants bassistes qui ont soutenu le mouvement des paysans pauvres de Tamasint et la libération des jeunes leadeurs militants détenus de la marche du 19 mai 2005 écrasée par les forces de répression.
Quatre années de lutte au niveau national étaient suffisantes pour donner naissance au syndicat national des petits paysans et professionnels forestiers le 23 juin 2012. Un saut qualitatif dans l'évolution du mouvement syndical paysan à l'apogée de l'évolution du mouvement 20 février.
Le syndicat paysan face à la nouvelle ère de torture
Le congrès syndical des régions Souss Massa et Guelmim Ouad Noon organisé le 02 janvier 2016 à Agadir a complété les bases de la lutte paysan : pour le droit à la terre, à l’eau et aux ressources naturelles contre les lois coloniales et les spéculations immobilières.
La lutte pour le droit à l’organisation à Guelmim a pris son ampleur contre la mafia immobilière à Ait Bâamran après la déclaration de l’assassinat du martyr Brahim Saika le 15 avril 2016. Toutes les manifestations du syndicat paysan étaient organisées dans l’esprit du martyr Brahim Saika après l’assemblée générale des paysans pauvres de Sidi Ifni à Mesti le 15 mai 2016.
Au sit-in national organisé par le syndicat paysan devant le parlement le 28 décembre 2017, Mey Aicha, la mère du martyr Brahim Saika, martyre de la lutte contre la mafia immobilière dans la région Guelmim Oued Noon, a lancé un appel à toutes les organisations de droits de l’homme au niveau national et international. Elle a revendiqué l’intervention de la justice de l’affaire de son fils qui est toujours en tête de l’ordre du jour de la lutte du syndicat paysan. Elle est effondrée avant de finir son allocution, c’était un moment difficile ! 
Mey Aicha, a défendu ce dossier depuis plus de deux ans, en vain. Les spéculateurs immobiliers sahraouis ont tenté à plusieurs reprises de liquider l’affaire, mais Mey Aicha est une femme paysanne qui préfère mourir de faim plutôt que trahir le sang du martyr.
Une lutte intérieure au sein du syndicat contre les opportunistes soutenus par la bureaucratie est lancée. Deux ans de lutte de la double tendance, à l’intérieur pour bien s’organiser et à l’extérieur contre la mafia immobilière.
Le dossier Brahim Saika, martyr de la lutte contre la mafia immobilière dans la région Guelmim Oued Noon, est toujours en tête de l’ordre du jour de notre lutte.
Depuis les arrestations des leaders du Hirak du Rif, toutes les manifestations sont écrasées et leurs leaders sont arrêtés et poursuivis. Une nouvelle ère de répression organisée par l'État s’est ouverte au Maroc comme suite de la guerre en Syrie. Une répression soutenue par les instances dirigeantes de l’Union européenne, en particulier par la France, après la visite de monsieur Macron au Maroc en juin dernier pour soutenir le régime marocain, qui a appliqué et suivi dès lors la logique de la matraque contre les manifestants et ouvert les portes de ses prisons.
Une analyse de cette situation critique nous conduit à conclure que les membres de l’Union européenne, en particulier la France, soutiennent les spéculateurs immobiliers marocains contre les intérêts des paysans, avec leurs dons et crédits pour soutenir les politiques anti-démocratiques du régime marocain. Le peuple marocain est endetté à hauteur d’environ 68 milliards de dollars, tandis que des millions d’euros traversent la Méditerranée chaque jour sous forme de produits miniers, agricoles et halieutiques exportés, sans que les paysans en bénéficient. Aujourd’hui ils se retrouvent chassés définitivement de leurs terres, par une politique de véritable ségrégation, d’apartheid.
Cette situation critique permanente provoque une ébullition qui se manifeste chaque jour sur divers fronts d’action populaire, et fait des victimes et des prisonniers, en premier lieu chez les paysans.
La détention du militant Zaid Takrayout (Un an de prison ferme) leader du sit-in des paysans  de Tamtatouchte au  barrage Toudgha région de Tinghir, durant 57 jours avant d’être écrasé par les forces de répression le 10 janvier 2017, contre le dit barrage touristique sur leurs terres. Ce qui a offert au syndicat paysan la tendance à la lutte dans l’esprit de Zaid Ohmad leader de la résistance de Djebl Baddou au sud-est contre le colonialisme français.
Une lettre a été envoyée à Monsieur le Secrétaire général du Parlement européen et M. le Président de la Sous-commission "droits de l'homme".
Au cours de 25 ans le mouvement paysan a pu établi ses principes fondamentaux et mise en œuvre son programme militantisme. L’organisation du sit-in national devant le parlement le matin et la réunion du conseil national le soi le 28 décembre 2017 au siège de l’UMT à Rabat, étaient deux événements significatifs de la victoire de la lutte syndicale paysanne.
Au cours des préparations au premier congrès national deux grandes conférences ont été organisées :
La première le 27 juin 2018 à Guelmim à la maison de la mère du martyr Brahim Saika au cours de laquelle on avait déclaré nos positions sur la décision de la fondation d’un autre syndicat paysan à l’UMT.
La deuxième le premier juillet 2018 à Al Hoceima lors de laquelle on avait confirmé les attitudes de la première conférence et lancé le programme du premier congrès national tenu le 23 juillet 2018.
Une nouvelle phase décisive dans la vie du syndicat paysan s’est ouverte. La phase exécutive du programme lancée par le premier congrès national. Qui a été confirmée au cours de la première réunion du nouveau bureau national tenue dans l’esprit du martyr Brahim Saika le premier août 2018 à Agadir et lancée au cours de la deuxième réunion tenue dans l’esprit du martyr Kamal El Hassani le 21 octobre 2018 à Meknès qui contient deux dimensions :
- La stratégie de l'organisation de conférences syndicales agricoles dans les régions et provinces sur les grandes questions relatives au droit aux ressources naturelles en relation avec la lutte contre la mafia immobilière et de la drogue.
-  La stratégie des médias à travers la diffusion et la re-publication des activités organisationnelles de notre syndicat. Depuis le mouvement spontané des paysans pauvres du barrage Aoulouz des années 1990 jusqu’au premier congrès national.
La lutte continue au niveau intérieur contre
- Le conflit interne de l'UMT de la dite correction et démocratie en tant que forme de règlement des comptes personnels. Deux pôles ont été créés pour masquer le vrai conflit qui est conduit réellement par des militants démocrates sur la vraie démocratie, à laquelle notre syndicat est impliqué depuis la création en 2002.
- La fondation d’un autre syndicat national des paysans au sein de la fédération nationale du secteur agricole UMT, supervisé par des ingénieurs et des techniciens, avec l’appui de l’un de ces pôles, dont le but est de liquider le syndicat national des petits paysans et professionnels forestiers.
- La décision de rejet du dossier de notre syndicat prise par le membre du secrétariat national de l’UMT qui est chargé de la coordination avec notre syndicat, après le succès énorme du premier congrès national. Un acte qui viole les engagements de l’UMT au sein de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) dont il constitue un des membres engagé à respecter ses conventions.
Un front extérieur est ouvert
- La bataille au tribunal administratif de Casablanca Dossier n° 393/7110/2018. La première audience a eu lieu le 23 octobre 2018 contre la décision de refus de reçu de dépôt, contre les autorités de Casablanca Anfa. En tant que forme de défense des libertés syndicales devant la justice, sans oublier la lutte devant les instances internationales dont l’Organisation Internationale du Travail (OIT) en est un membre.

lundi 14 janvier 2019

Le Rif du cannabis une région des masses et des fonds

Khardala


Le cannabis est considéré comme l’une des grandes ressources agricoles qui rapportent une somme énorme d’argent à la mafia de la drogue, blanchie à travers ses investissements dans des projets financiers, industriels et agricoles. Le rapport des Nations Unies sur le contrôle des revenus mondiaux de la drogue est choquant pour l’État marocain. Malgré le manque de compétence du journaliste Abdelatti Atouan, il a fixé le plafond des revenus de la drogue au Maroc à 18 milliards de dollars, un montant énorme.
Pendant ces dernières années, le Maroc est classé comme lieu de transit de la cocaïne en provenance d'Amérique latine. Il n'est donc pas surprenant que les recettes de la mafia du trafic de drogue atteignent 23 milliards de dollars, soit environ un quart du produit national brut, entre la campagne et la relation de médiation de la circulation de la drogue dans le monde. L'exportation des agrumes et poissons au sud est moyen de trafic de ce produit.
D'autre part, les véritables producteurs de cannabis sont des petits et paysans pauvres qui vivent dans la clandestinité et travail au silence. Les femmes paysannes sont les vraies productrices de cette matière naturelle, un moyen de richesse  dans les mains de la mafia de la drogue. Les familles paysannes pauvres travaillent la culture de cette plante, après la remise des semences par un grand propriétaire immobilier membre de la mafia.
Chaque année, à la fin de la saison du printemps depuis des siècles, la femme paysanne au beau matin récolte le produit et le porte à la maison, sur le dos comme un chariot.  L'homme collecte le produit sous forme de bouquets  estimés en kilogramme chacun et les disposés à l'ombre dans la maison, l'odeur règne dans le milieu. La marchandise ne doit pas dépasser les portes des maisons des paysans pauvres, une attache difficile les attend : chercher un acheteur sur le marché avec prudence, alors que la production est au cœur de leur propre financement.
Le paysan pauvre vit en danger au moment de la saison de la récole s’il est financé par un membre de la mafia. Le danger de le faire tomber dans le pétrin, il risque d’être en prison à tout moment par accusation de trahison de confiance. La gendarmerie et les autorités sont toujours au point de le poursuivre.
Les paysans pauvres poursuivis sont persécutés par la mafia de la drogue, qui est soutenue par l'État, jusqu’à ce qu’ils sont étranges dans leur pays. Ils n'ont pas le droit de fonder une famille ou d'enregistrer leurs enfants avec des actes d'état civil. Un activiste agricole nous parle de 12 000 et un autre de 32000 poursuites judiciaires contre les paysans pauvres avec des sacs d’inculpation sous dit trahison de confiance.
La plante du cannabis d’origine marocain, appelée Kef, n'est pas échappée à l'attaque génétiquement modifiée. L’invasion d’une plante étrange, appelée Kherdala, sur les terres des paysans, qui fait plus de deux mètres de hauteur, visant à multiplier la production pour un profit rapide, et l’élargissement de la superficie de ses fermes dans des zones qui ne connaissaient pas cette agriculture avant confirment le rapport des revenus, 23 milliards de dollars, de la drogue au Maroc,.
La mafia de la drogue accumule des sommes énormes d’argent en exploitant la force du travail des paysans pauvres rifains opprimés. Cet argent volé est blanchi aux noms des grands propriétaires immobiliers au Souss Massa. Qui occupent les terres collectives après avoir ravagé les forêts d’arganier et mené une guerre farouche contre les intérêts des petits paysans ; les vrais propriétaires des terres collectives. La plus part des petits paysans sont transformé en paysans pauvres ; sans terre et exploités comme ouvriers agricoles aux domaines implantés sur leurs terres dans des conditions de travail proches de l’esclavage. La même mafia exploite tous les biens publics : les revenues de la production des mines, de la pêche maritime, des forêts de l’Atlas et de Rif, du Safran de Taliouine, des carrières aux montagnes, vallées et plages et autres.
Un groupe de familles qui gouverne le Maroc sous un régime semi-féodal soutenu par les puissances impérialistes mondiales. Qui est engagé à l’application des politiques économiques de classe fondées sur les bases des nouvelles formes coloniales depuis 1956. L’appel à la liberté et la démocratie est le principe fondamental de la lutte pour la libération du peuple marocain des chaînes de l'esclavage et de l'exploitation. Les paysans sont les victimes les plus touchés de ces politiques de classe ce qui exige la constitution d’un syndicat paysan militant bassiste.
Le 08 août 2008 à Ait Bouayach, lors d'une conférence organisée par l'Association Fos gFos sous le thème du travail social à la paysannerie la question des paysans pauvres opprimés par la mafia de la drogue a été traitée. L’évaluation des bases de lutte paysanne au Rif ont été confirmées, un groupe d'activistes luttant au sein des paysans a été intégré au travail syndical paysan. Le comité a participé à la fondation du syndicat national des petits paysan et des professionnels forestiers le 23 juin 2012 à Casablanca. La relation entre Taroudant et Al Hoceima a joué le rôle majeur dans la présence de représentants de ce comité au congrès régional de Souss Massa Draa, le 12 septembre 2012 à Agadir, et au Conseil national, où le bureau national a été renouvelé le 25 juin 2015.
La réunion historique du bureau national du syndicat paysan avec les paysans d'Imrabaten et de Beni Abdellah, le 24 janvier 2016 dans la vallée de Ghiss à Al Hoceima, a été le point culminant du mouvement syndical paysan dirigé par un groupe de combattants au Rif. Leur expérience à partir du mouvement paysan de Tamassint, Ait Buayach, Targuist et Issagn depuis le séisme du 24 février 2004 jusqu’au séisme du 25 janvier 2016, en relation avec l'expérience du mouvement paysan au barrage Aoulouz, les paysans de Ghiss est le point d’appui du mouvement syndical paysan au Rif.
La torture qui règne dans cette pauvre région du Rif riche par la production de cette matière, empêche l’organisation syndicale des petits paysans rifains. Une région de masse et des fonds disposée à la répression et l’exploitation des paysans pauvres, c’est une réserve de la richesse de la bourgeoisie commerciale et des grands propriétaires immobiliers. Une nouvelle ère de lutte paysanne est déclenchée au Rif, les paysans ont arrêté les travaux au barrage Ghiss, rejeté l'ambiguïté entourant l'expropriation du projet du barrage et revendiqué leur droit à une indemnisation raisonnable ainsi que le reste de leurs droits économiques et sociaux.


mardi 8 janvier 2019

Alerte à la catastrophe au Souss !


L’arganier et la nappe phréatique en danger

Le Souss est l’une des plus importantes bases matérielles de l’histoire et la civilisation de notre pays en relation avec le développement du mouvement socioculturel au Maroc. Ceci a caractérisé la vie civile de l’Homme au nord-africain et sud européen. Cette base  constitue, à travers les noms des terres collectives forestières et pastorales, la côte atlantique, les mines de l’Atlas, les sources de l’eau, les frontières entre les tribus, les actes de propriétés foncières, un véritable monument historique de la civilisation au Haut et Anti-Atlas  au Sud du Maroc, où est vécu  le  caractère amazigh.
Tout cela avait poussé le colonialisme français à fonder son exploitation dans le Souss, à travers l’occupation des terres, de l’eau et des ressources naturelles, par une main de fer et de  feu, avec pour but d’abattre la propriété collective des terres et de faire régner l’exploitation capitaliste de celle-ci, et à couvrir sa politique par les lois de la classe coloniale, entre 1912 et 1938, pour rendre légitime la violation des terres de petits paysans et professionnels forestiers et transformer la plupart d’entre eux en paysans pauvres sans terres et ouvriers agricoles subissant de multiples exploitations capitalistes, proches de l’esclavage, dans les domaines des grands propriétaires. L’application des dites lois de conservation et de décisions administratives foncières vise à l’élimination d'un monument de la civilisation de notre pays à travers l’annulation des documents de propriétés collectives et privées locales.
Cette politique de la classe coloniale reprend sa continuité par de nouvelles façons d’exploitations depuis 1956 à fin de protéger les intérêts du colonialisme. Les petits et pauvres paysans et professionnels forestiers sont opprimés, leurs révoltes écrasées par la répression et leurs leaders détenus à chaque fois qu’ils revendiquent leur droit à la terre, à l’eau et aux ressources naturelles.
Potentialité d’une région agricole
La rivière Souss constitue le cœur battant de la vallée située entre le Haut-Atlas et l’anti-Atlas au sud du Maroc. La rivière est d’une superficie de 3960 Km2.
La nappe phréatique est d’une valeur de 50 milliards de mètres cubes dont 8 milliards mètres cubes disponibles à l’exploitation par pompage.
Une démographie très importante de 90 personnes par km2 et 60 personnes par km2 à la campagne.
Les ressources qu’offre l’environnement de la vallée du Souss donnent une idée pour le développement agricole de cette rivière. Mais le système d’irrigation par pompage d’une agriculture des agrumes basée sur l’exportation vers l’Europe depuis les années quarante du vingtième siècle et l’accélération de ce système vers un sur-pompage pendant les années soixante, provoquent les déséquilibres sociaux au niveau de l’exploitation des ressources naturelles de la vallée.

Dégradation de la forêt d'arganier
 Le 8 décembre 1998, l’Arganeraie a été déclarée par l’UNESCO première Réserve de Biosphère du Maroc sur une superficie de 2,5 millions d’hectares environ.
Voir les liens suivants :
L’arganier a de multiples utilisations qui sont autant de sources de revenu :
- L’alimentation du cheptel (bovins, caprins et camelins), le bois utilisé en menuiserie, en cuisine traditionnelle (fours) et en chauffages et l’huile, à double usage, alimentaire et cosmétique.
La fabrication de l’huile est réalisée par les femmes, entièrement manuellement, depuis la collecte, le concassage des fruits, le grillage et  Le broyage des amandes jusqu’au malaxage de la pâte dans un moulin en pierre. Des coopératives sont constituées aujourd'hui partout dans les régions de Taroudant, elles utilisent des machines d'extraction mais, la femme reste toujours exploiter soit par des hommes qui dirigent ses coopératives, soit par des médiateurs des marchés d'huile d'argan.
- La fabrication d’un litre d’huile par une femme demande au moins 16 heures, ce qui montre l’exploitation de la femme paysanne pour un revenu de 5 à 7 euros.
- Les forêts d’arganier couvrent 400 000 ha dans la région  de Taroudant, soit 56 % de l’arganerie nationale. Elles occupent  74 % de la superficie forestière totale de la province
- Taroudant produit 1830 tonnes d’huile d’argan par an, soit 53% de la production nationale.
- Le revenu brut procuré par l’arganier est de 3,6 milliards de dh/an, soit 860 dh/ha/an, correspondant à plus de 2,2 millions de journées de travail.
- Le classement de l’arganeraie en «réserve de la biosphère», la réorganisation de la recherche sur l’arganeraie et ses produits et l’utilisation des moyens modernes peuvent faire de l’arganeraie l’axe essentiel du développement à Taroudant.
la catastrophe menace le Souss
La destruction de la forêt d’arganier dans la plaine du Souss par l’implantation des agrumes et le sur-pompage d’une part et la mal-production de ses ressources par les paysans dans les montagnes du haut et anti atlas d’autre part provoque la dégradation du développement de la vallée.
Depuis l’an 2000 les grands propriétaires immobiliers au Souss ont mené une guerre farouche contre les terres collectives des petits paysans dans la pleine (essentiellement à Berhil et Aoulouz). Les forêts d’arganier sont très touchées de cette politique du « le plan Maroc vert » qui a encouragé le rasage des milliers d’hectares de l’arganier en faveur des plantes d’agrumes.
Un hectare d’agrume consomme 4500 mètres cubes d’eau par an, 25 fois plus que la consommassions d’un hectare d’arganier. Sans oublier le rôle de l’arganerie dans l’équilibre de l’atmosphère et le cycle de l’eau dans une région semi-aride. C’est ce qui explique la baisse du niveau de la nappe phréatique jusque au niveau de l’océan atlantique (El Guerdan et Chtouka). La plus grande catastrophe nous alerte à l’accélération de sur-pompage, celle où l’océan  attaque le Souss, c’est la fin de la vie de la pleine.
Les études faites par des spécialistes de PNUD et de la FAO pendant les années 1970 envisageaient le drame que vit la région d’Aoulouz aujourd’hui et le rôle des deux barrages pour améliorer l’irrigation dans la vallée.
Le séisme d’Agadir et les spéculations immobilières
 Les terres de Guessima et Mesguina à Agadir ont subi des violations massives par le colonialisme, cette politique a été renouvelée depuis 1956, et accentuée après le séisme d’Agadir en 1960. Ce drame a été exploité par l’État pour éliminer le monument de la documentation à Agadir et liciter les terres paysannes à la mafia immobilière, à travers les sociétés immobilières privées soutenues par les autorités de la Wilaya, l’inspection régionale de l’habitat et de l’aménagement, les municipalités et l’agence de la conservation foncière à Agadir. A travers la spéculation et la location foncière, les spéculateurs fonciers étrangers et marocains violent les terres de Guessima et Mesguina qui couvrent, suite à la dit décision administrative (forestière et collective), plus de 80 000 hectares. Aujourd’hui l’État essaie de fabriquer un acte de propriété foncière sans aucune base légitime en jetant ailleurs les droits légitimes des paysans.
Positions du syndicat paysan
Le syndicat national des petits paysans et professionnels forestiers déclare :
- Nos dénonciations et condamnations des abus, répressions, détentions, procès simulés et emprisonnements de petits et pauvres paysans, professionnels forestiers et ouvriers agricoles, qui visent la confiscation de leur droit à la terre, à l’eau et aux ressources naturelles.
- Nos dénonciations et condamnations de la mafia immobilière au Souss en général et à Agadir en particulier, qui occupe les terres de Guessima et Mesguina à travers la spéculation immobilière soutenue par la Wilaya de Souss Massat, l’inspection régionale de l’habitat et de l’aménagement, les municipalités et l’agence de la conservation foncière à Agadir.
- Notre solidarité inconditionnelle avec tous les petits et pauvres paysans, professionnels forestiers et ouvriers agricoles opprimés au Souss, que l’État est chargé de la responsabilité des violations de leurs droits légitimes.
- Notre rejet de lois de la classe coloniale et l’exploitation de la Wilaya par les  dits représentants de communautés pour l’intérêt des spéculateurs fonciers, en exigeant de l’État de créer des lois convenables à la propriété collective et qui assurent le droit au développement, au travail et au logement adéquat en faveur des petits et pauvres paysans, professionnels forestiers et ouvriers agricoles.
- Notre exigence à l’État d’ouvrir des négociations avec notre syndicat sur la situation des terres de Guessima et Mesguina par une voie démocratique pour rendre justice aux légitimes propriétaires. Et, limiter les spéculations immobilières d’une façon à assurer le développement, comme l’indiquent les lois internationales.
- Notre préparation et la charge à la lutte continue pour la récupération de droits des paysans de Guessima et Mesguina par toute voie de lutte légitime.
- Nous appelons les petits et pauvres paysans, professionnels forestiers et ouvriers agricoles à participer au programme de la lutte de notre syndicat sur la question des terres collectives, qui couvrent presque 20 millions d'hectares.




jeudi 3 janvier 2019

L’évolution de l’organisation des paysans pauvres au Maroc


De la lutte spontanée à l’organisation syndicale
Après cinq ans de lutte paysanne spontanée au barrage Aoulouz les paysans pauvres ont accès à l’organisation, l’association paysanne Ifgheln est fondée le 27 avril 1997.  Ils ont lutté trois ans pour le droit à l’organisation, et en mars 2000 l’association a eu son reçu de dépôt.
La première activité publique de l’association fut l’organisation de la conférence encadrée par Le militant Abraham Serfaty à la salle des conférences de la commune d’Aoulouz avec la participation de 14 associations. Les débats étaient riches, et le conférencier a découvert que le mouvement a connu une évolution remarquable. A la fin de cette activité, il a établi les premières bases de la lutte paysanne au Souss : le droit à la terre, à l’eau, à la protection de l’arganier et au développement de l’amazighité. Au cours de ses discussions internes avec les paysans Abraham Serfaty a proposé la fondation du syndicat paysan.
Le premier bureau syndical paysan est fondé à la fin de la deuxième conférence encadrée par des militants du syndicat UMT de Taroudant, le 23 mars 2002 à Aoulouz.
Le syndicat paysan a écrasé la marginalisation qui régnait dans la région depuis un demi-siècle, les paysans pauvres se positionnent contre les intérêts des survivances du féodalisme. Ils ont développé de mieux en mieux leurs méthodes d'organisation à mesure qu’ils ont pris davantage conscience.
Les affirmations de la conférence ont ouvert une issue plus large au mouvement des paysans pauvres, l’ampleur se développant au niveau de la rivière de Souss.
L’ampleur du mouvement au niveau national
La conférence organisée par l’association Fous G Fous à Ait Bouayach à côté d’Al Hoceima, présidée par le militant Lahoucine Amal le 08 aout 2008 a complété les bases de la lutte paysanne affirmées à Aoulouz, reliant la lutte paysanne du Nord à celle du Sud.
Si l’arganier est la caractéristique des ressources forestières au Sud, le cannabis est à la base de la lutte paysanne au Nord.
La confirmation des bases du mouvement paysan au cours de cette conférence a fondé les bases théoriques de la lutte syndicale paysanne et a solidifié son saut qualitatif au niveau national.
Les jeunes militants d’Al Hoceima ont renforcé l’évolution de ce mouvement en luttant dans l’esprit du martyr Kamal El Hassani assassiné le 27 octobre 2011. L’un des jeunes leadeurs militants bassistes qui ont soutenu le mouvement des paysans pauvres de Tamsint et la libération des jeunes leadeurs militants détenus de la marche du 19 mai 2005 écrasée par les forces de répression.
Quatre années de lutte au niveau national étaient suffisantes pour donner naissance au syndicat national des petits paysans et professionnels forestiers le 23 juin 2012. Un saut qualitatif dans l'évolution du mouvement syndical paysan à l'apogée de l'évolution du mouvement 20 février.
Le syndicat paysan face à la nouvelle ère de torture
Le congrès syndical des régions Souss Massa et Guelmim Ouad Noon organisé le 02 janvier 2016 à Agadir a complété les bases de la lutte paysan : pour le droit à la terre, à l’eau et aux ressources naturelles contre les lois coloniales et les spéculations immobilières.
La lutte pour le droit à l’organisation à Guelmim a pris son ampleur contre la mafia immobilière à Ait Bâamran après la déclaration de l’assassinat du martyr Brahim Saika le 15 avril 2016. Toutes les manifestations du syndicat paysan étaient organisées dans l’esprit du martyr Brahim Saika après l’assemblée générale des paysans pauvres de Sidi Ifni à Mesti le 15 mai 2016.
Au sit-in national organisé par le syndicat paysan devant le parlement le 28 décembre 2017, Mey Aicha, la mère du martyr Brahim Saika, martyre de la lutte contre la mafia immobilière dans la région Guelmim Oued Noon, a lancé un appel à toutes les organisations de droits de l’homme au niveau national et international. Elle a revendiqué l’intervention de la justice de l’affaire de son fils qui est toujours en tête de l’ordre du jour de la lutte du syndicat paysan. Elle est effondrée avant de finir son allocution, c’était un moment difficile ! 
Mey Aicha, a défendu ce dossier depuis plus de deux ans, en vain. Les spéculateurs immobiliers sahraouis ont tenté à plusieurs reprises de liquider l’affaire, mais Mey Aicha est une femme paysanne qui préfère mourir de faim plutôt que trahir le sang du martyr.
Une lutte intérieure au sein du syndicat contre les opportunistes soutenus par la bureaucratie est lancée. Deux ans de lutte de la double tendance, à l’intérieur pour bien s’organiser et à l’extérieur contre la mafia immobilière.
Le dossier Brahim Saika, martyr de la lutte contre la mafia immobilière dans la région Guelmim Oued Noon, est toujours en tête de l’ordre du jour de notre lutte.
Depuis les arrestations des leaders du Hirak du Rif, toutes les manifestations sont écrasées et leurs leaders sont arrêtés et poursuivis. Une nouvelle ère de répression organisée par l'État s’est ouverte au Maroc comme suite de la guerre en Syrie. Une répression soutenue par les instances dirigeantes de l’Union européenne, en particulier par la France, après la visite de monsieur Macron au Maroc en juin dernier pour soutenir le régime marocain, qui a appliqué et suivi dès lors la logique de la matraque contre les manifestants et ouvert les portes de ses prisons.
Une analyse de cette situation critique nous conduit à conclure que les membres de l’Union européenne, en particulier la France, soutiennent les spéculateurs immobiliers marocains contre les intérêts des paysans, avec leurs dons et crédits pour soutenir les politiques anti-démocratiques du régime marocain. Le peuple marocain est endetté à hauteur d’environ 68 milliards de dollars, tandis que des millions d’euros traversent la Méditerranée chaque jour sous forme de produits miniers, agricoles et halieutiques exportés, sans que les paysans en bénéficient. Aujourd’hui ils se retrouvent chassés définitivement de leurs terres, par une politique de véritable ségrégation, d’apartheid.
Cette situation critique permanente provoque une ébullition qui se manifeste chaque jour sur divers fronts d’action populaire, et fait des victimes et des prisonniers, en premier lieu chez les paysans.
La détention du militant Zaid Takrayout (Un an de prison ferme) leader du sit-in des paysans  de Tamtatouchte au  barrage Toudgha région de Tinghir, durant 57 jours avant d’être écrasé par les forces de répression le 10 janvier 2017, contre le dit barrage touristique sur leurs terres. Ce qui a offert au syndicat paysan la tendance à la lutte dans l’esprit de Zaid Ohmad leader de la résistance de Djebl Baddou au sud-est contre le colonialisme français.
Une lettre a été envoyée à Monsieur le Secrétaire général du Parlement européen et M. le Président de la Sous-commission "droits de l'homme".
Au cours de 25 ans le mouvement paysan a pu établi ses principes fondamentaux et mise en œuvre son programme militantisme. L’organisation du sit-in national devant le parlement le matin et la réunion du conseil national le soi le 28 décembre 2017 au siège de l’UMT à Rabat, étaient deux événements significatifs de la victoire de la lutte syndicale paysanne.
Au cours des préparations au premier congrès national deux grandes conférences ont été organisées :
La première le 27 juin 2018 à Guelmim à la maison de la mère du martyr Brahim Saika au cours de laquelle on avait déclaré nos positions sur la décision de la fondation d’un autre syndicat paysan à l’UMT.
La deuxième le premier juillet 2018 à Al Hoceima lors de laquelle on avait confirmé les attitudes de la première conférence et lancé le programme du premier congrès national tenu le 23 juillet 2018.
Une nouvelle phase décisive dans la vie du syndicat paysan s’est ouverte. La phase exécutive du programme lancée par le premier congrès national. Qui a été confirmée au cours de la première réunion du nouveau bureau national tenue dans l’esprit du martyr Brahim Saika le premier août 2018 à Agadir et lancée au cours de la deuxième réunion tenue dans l’esprit du martyr Kamal El Hassani le 21 octobre 2018 à Meknès qui contient deux dimensions :
- La stratégie de l'organisation de conférences syndicales agricoles dans les régions et provinces sur les grandes questions relatives au droit aux ressources naturelles en relation avec la lutte contre la mafia immobilière et de la drogue.
-  La stratégie des médias à travers la diffusion et la re-publication des activités organisationnelles de notre syndicat. Depuis le mouvement spontané des paysans pauvres du barrage Aoulouz des années 1990 jusqu’au premier congrès national.
La lutte continue au niveau intérieur contre
- Le conflit interne de l'UMT de la dite correction et démocratie en tant que forme de règlement des comptes personnels. Deux pôles ont été créés pour masquer le vrai conflit qui est conduit réellement par des militants démocrates sur la vraie démocratie, à laquelle notre syndicat est impliqué depuis la création en 2002.
- La fondation d’un autre syndicat national des paysans au sein de la fédération nationale du secteur agricole UMT, supervisé par des ingénieurs et des techniciens, avec l’appui de l’un de ces pôles, dont le but est de liquider le syndicat national des petits paysans et professionnels forestiers.
- La décision de rejet du dossier de notre syndicat prise par le membre du secrétariat national de l’UMT qui est chargé de la coordination avec notre syndicat, après le succès énorme du premier congrès national. Un acte qui viole les engagements de l’UMT au sein de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) dont il constitue un des membres engagé à respecter ses conventions.
Un front extérieur est ouvert

- La bataille au tribunal administratif de Casablanca Dossier n° 393/7110/2018. La première audience a eu lieu le 23 octobre 2018 contre la décision de refus de reçu de dépôt, contre les autorités de Casablanca Anfa. En tant que forme de défense des libertés syndicales devant la justice, sans oublier la lutte devant les instances internationales dont l’Organisation Internationale du Travail (OIT) en est un membre.
Bureau National
Nos liens :
http://www.ahewar.org/m.asp?i=7141
https://www.facebook.com/paysans.pauvres





إلى العمال والفلاحين